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Sommaire Politique Printemps 1996 - Pessah 5756

Éditorial - Avril 1996
    • Éditorial

Pessah 5756
    • Une fabuleuse leçon d'espoir

Interview Exclusive
    • Israel à la croisée des chemins

Terrorisme
    • Accords d'Oslo - Sang et Larmes

Politique
    • Des attentats - des élections

Analyse
    • Le point de vue de S.E.M. Meïr Rosenne
    • Les Juifs dans la nouvelle Afrique du Sud
    • Recette pour un désastre

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Des attentats - des élections

Par Emmanuel Halperin, notre correspondant à Jérusalem
Entre l'espoir mensonger et la vérité désespérante, il faudra bien choisir. L'espoir était couvé depuis bientôt trois ans par un gouvernement israélien plus illusionniste que visionnaire: conclure avec un terroriste au long cours une "paix des braves" qui tienne la route, en prenant des risques calculés. Apparemment très mal calculés.

La vérité, c'est qu'on ne peut faire la paix avec les ennemis de la paix: l'absence d'un partenaire crédible, quelque frustrante qu'elle soit, ne peut pas, ne doit pas conduire à parer un douteux interlocuteur de vertus imaginaires. La naïveté, en politique, ne peut servir d'excuse, car c'est trop cher payer un mirage.
La vague d'attentats dans les villes d'Israël résulte d'une collusion entre l'OLP et le Hamas. Les gouvernements occidentaux, la presse des grands pays, refusent de l'admettre. Même à Jérusalem, on s'efforce encore d'occulter cette évidence. Mais il faudra bien tôt ou tard le reconnaître: c'est d'un même combat qu'il s'agit. On sait désormais que l'autorité palestinienne, et Arafat en personne, étaient parfaitement au fait des intentions du Hamas et qu'au lieu de procéder à l'arrestation des dirigeants de cette organisation, avec laquelle l'OLP ne cesse d'entretenir un dialogue empreint de cordialité, les hommes d'Arafat se sont contentés de prier leurs frères de reporter leurs attentats à une date ultérieure. C'est-à-dire après les élections du 29 mai en Israël. On comprend le sens qu'aurait pris une série d'attentats sanglants dus à des "hommes désespérés" en cas de victoire du Likoud à ces élections. En cas d'une victoire de la gauche, l'OLP aurait pu espérer utiliser ces actes criminels pour convaincre les Israéliens que seule la création rapide d'un état palestinien indépendant et souverain était en mesure d'apporter une solution au casse-tête posé par le Hamas. Et qui sait ? M. Peres se serait peut-être laissé persuader. Mais il se trouve - on comprend la déception et la colère d'Arafat - que le Hamas a adopté une autre stratégie. Ce qui met le leader de l'OLP dans une situation délicate: il condamne les attentats, c'est bien le moins qu'il puisse faire, mais n'arrive pas à se résoudre à se retourner contre ses alliés. Ce n'est pas par faiblesse, comme certains s'efforcent de le faire croire: Israël a permis à Arafat de constituer une force armée de 30 000 hommes. C'est parce qu'il répugne à se priver d'un instrument terroriste efficace. L'OLP ayant officiellement renoncé au terrorisme, il lui fallait bien un remplaçant.

Le Chef des Services de renseignements de l'armée israélienne l'a révélé, peu de temps avant les attentats dans les autobus: l'OLP ménage le Hamas et le laisse s'entraîner et installer des bases afin de pouvoir l'utiliser comme moyen de pression contre Israël lorsque s'engagera la négociation sur le statut définitif des territoires.

On sait aussi que le 22 décembre dernier, au Caire, une entente a été conclue entre une délégation du Hamas et une délégation de l'OLP dirigée par le Président en exercice du Conseil national palestinien (ce même conseil qui est sensé, en vertu des Accords d'Oslo, abolir la charte de l'OLP). Aux termes de cette entente, le Hamas s'engageait à ne pas lancer d'opérations terroristes contre Israël à partir des régions placées désormais sous le contrôle exclusif de l'autorité palestinienne. Autrement dit, à partir des autres zones l'OLP lui donnait le feu vert. Ce n'est donc pas par hasard que la plupart des attentats perpétrés ces temps-ci l'ont été par des terroristes venus de localités encore sous contrôle militaire israélien. Arafat n'a pas manqué de le claironner aussitôt. Mais on a très vite constaté que les ordres et les explosifs venaient de Gaza.

Le gouvernement Peres a beaucoup de mal à cacher son désarroi. Il lui faut bien essayer l'impossible: convaincre l'opinion qu'il s'agit d'un accident de parcours, que les Accords d'Oslo, que la reconnaissance et le dialogue avec l'OLP sont de grands succès, que le "nouveau Proche-Orient", même s'il n'est pas encore arrivé, pointe à l'horizon de nos espérances.

Mais les réalités sont têtues. Arafat, au vu de tous, sanctifie le maître terroriste Yihia Ayash en le qualifiant de "Shahid". Dans les villes "libérées", notamment à Kalkiliah, distante de quelques centaines de mètres de la ville israélienne de Kfar Saba (et donc tout près de Tel-Aviv), le Hamas organise des manifestations de masse où l'on brûle des maquettes d'autobus et des drapeaux israéliens que piétinent, avec les autres manifestants, des officiers de l'armée d'Arafat. La télévision de l'autorité palestinienne ne cesse dans ses émissions d'encourager ses spectateurs à croire que le jour viendra où toute la Palestine, du Jourdain à la mer, sera libérée.

Pendant ce temps, Israël constate qu'il a perdu le grand avantage militaire que lui conférait la présence de ses troupes dans les villes de la Bande de Gaza et de Judée-Samarie: des Services de renseignements efficaces, capables bien souvent de déjouer les projets d'attentats. Gaza, Naplouse, Jenine, Ramallah, Jéricho, Kalkiliah, Toulkarem, sont devenues des sanctuaires terroristes. En vertu des Accords d'Oslo, Israël a confié le soin de veiller à la sécurité quotidienne de ses habitants aux services palestiniens, c'est-à-dire à des hommes de l'OLP. Ce sont eux désormais qui sont sensés empêcher les attentats terroristes à Tel-Aviv ou à Jérusalem. Ils sont devenus quasi irremplaçables: Israël ne contrôle plus le terrain; y revenir serait reconnaître que l'édifice d'Oslo est pourri; les renseignements manquent ou ne sont plus ce qu'ils étaient, parce que les agents arabes qui travaillaient pour Israël ont été trop souvent abandonnés à l'OLP, c'est-à-dire à un fort triste sort.

Tout cela signifie-t-il que le processus engagé il y a trois ans avec l'OLP soit sur le point d'être enterré ? Pas du tout. Il n'y a pas d'alternative, explique M. Peres, seul Arafat peut faire le travail, il est incontournable, il faut le convaincre, le forcer s'il le faut, avec l'aide des Américains et de la communauté internationale, à tenir ses engagements, à devenir ce que nous avons promis aux Israéliens qu'il était devenu: un homme politique responsable. Beaucoup d'Israéliens, peut-être même une majorité, préfèrent croire à ce discours plutôt qu'à celui de la droite musclée, qui soutient que le masque a été pour toujours arraché. Le Likoud, plus modéré, est conscient de cette attente de l'opinion: on a trop longtemps fait miroiter aux Israéliens un espoir de paix pour qu'ils y renoncent tout à fait. C'est pourquoi le principal parti d'opposition s'exprime-t-il avec prudence, insiste sur la poursuite du processus de paix si les électeurs lui font confiance, tout en soulignant la nécessité de freiner, de réfléchir, d'avancer avec plus de précautions. Paradoxalement, les attentats ont eu pour effet de convaincre de très nombreux Israéliens, non pas que la présence de Tsahal est nécessaire partout dans les territoires, mais qu'il vaudrait mieux se débarrasser le plus vite possible des Palestiniens: "Chacun chez soi, ne plus les voir, nous ici, eux là-bas", entend-on dire aussi bien à gauche qu'à droite. Et l'on fonde de grands espoirs sur une illusoire "séparation" que viendrait concrétiser un barrage de barbelés de plusieurs centaines de kilomètres. On sait bien pourtant que rien ne peut empêcher un homme résolu de franchir un tel obstacle. Mais cette réaction de rejet, cette tentation des solutions simples, peuvent curieusement servir le parti travailliste israélien. La vague d'attentats n'a donc pas assuré la victoire de la droite, pas plus que le meurtre d'Itzhak Rabin n'avait garanti celle de M. Peres. La partie reste ouverte et la décision, aux scrutins de mai, dépendra peut-être d'un mouvement d'humeur passager, dû à un événement imprévisible survenant à quelques jours des élections. En arriver, après bientôt cinquante ans d'indépendance, à choisir son destin sous l'influence d'un éventuel attentat terroriste - voilà une bien triste situation que celle où se trouvent piégés aujourd'hui les citoyens de l'Etat d'Israël.

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