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Sommaire Analyse Printemps 2006 - Pessah 5766

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Pessah 5766
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Analyse
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Éthique et Judaïsme
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Renaissance du califat ?

Professeur Moshe Sharon

Par le professeur Moshé Sharon *

Dans une interview avec Karby Legget, publiée dans l'édition du 23-26 décembre 2005 du Wall Street Journal, Hassam al-Masalmeh, leader du Hamas au conseil municipal de Bethléem, évoque l'impôt sélectif qui sera exigé par l'État islamique lorsque que ce dernier sera établi sur les ruines de l'État juif. Il dit notamment: «Nous autres du Hamas, nous avons l'intention d'appliquer cet impôt un jour. Nous le disons ouvertement: tous sont les bienvenus en Palestine, mais uniquement s'ils acceptent de se soumettre à nos lois.»
Al-Masalmeh se réfère en fait à l'impôt qui frappait les non-musulmans vivant sous domination islamique; en contrepartie ils recevaient le statut de dhimmi, autrement dit d'une minorité inférieure «protégée». S'ils ne payaient pas l'impôt, appelé djizyah, les non-musulmans, juifs comme chrétiens, se voyaient refuser cette protection, mettant leur vie et leurs biens en danger. Le tribut était prélevé conformément à la loi islamique, la Charia, inspiré du verset suivant du Coran: «Combattez ceux qui ont reçu le Livre (i.e. Juifs et chrétiens) jusqu'à ce qu'ils payent le tribut et soient humiliés.» (Sourate 9, verset 29) La djizyah faisait ainsi de tous les non-musulmans des citoyens de deuxième et troisième classe, les transformant en otages des despotes musulmans.
Le mouvement terroriste du Hamas est inspiré par l'idéologie islamique et se conforme en tout point à la loi islamique. Loin de représenter un groupuscule marginal, il est part intégrante du mouvement croissant de la renaissance islamiste, marquée par un militantisme opiniâtre et par une extension globale; cette renaissance attire un nombre grandissant de musulmans, persuadés que l'Islam est appelé à régner dans un État mondial où la charia assurera la supériorité des fidèles d'Allah et l'infériorité des infidèles (Juifs et chrétiens).
Depuis l'époque de Mahomet, Juifs et chrétiens ont été considérés comme les ennemis de l'islam, voués à la haine éternelle des musulmans. Récemment, Abu Hamza al-Masri, membre du clergé islamique d'origine égyptienne, a été jugé en Grande-Bretagne pour incitations au meurtre. Jusqu'en 2003, al-Masri prêchait à la mosquée de Finsbury Park dans le nord de Londres, mosquée associée à plusieurs suspects terroristes, y compris Zacarias Musawi, soupçonné d'être parmi les instigateurs du 11 septembre, et Richard Reid, l'homme aux explosifs dans la chaussure.
Dans un enregistrement vidéo de 90 minutes, montré le 17 janvier 2006 au cours de son procès, on entend al-Masri déclarer dans son sermon que Juifs et chrétiens figurent sur la liste des ennemis de l'Islam et constituent donc des cibles de la lutte islamique.
Dans la même veine, le cheikh Abd al-Aziz Fawzan Al-Fawzan, un Saoudien professeur de loi islamique à l'université al-Imam, pousse les musulmans à manifester une «haine positive» à l'encontre des chrétiens, «ces infidèles affirmant que D' est un dans une Trinité et s'adonnant au culte de Jésus». Il déclare également que celui qui se montre incapable de haine pour un tel chrétien n'est pas un bon musulman.
En quoi tout cela est-il lié à la religion ?
Tout cela est lié à l'islam, mais l'islam n'est pas une religion dans le sens où la plupart des Occidentaux l'entendent. Pour les médias occidentaux et pour certains penseurs repentants, l'islam se compare au christianisme et les groupes musulmans dans les pays européens et américains se définissent comme des communautés religieuses. Cette définition leur donne droit à tous les «services religieux», conformément aux lois en vigueur dans ces pays. Ils ne se privent donc pas d'exiger le soutien de l'État pour construire des mosquées, des subventions nationales pour le salaire des cadres religieux, pour des écoles islamiques spéciales et même pour l'établissement d'une «Université islamique» (à Rotterdam, aux Pays-Bas). Et ils les obtiennent.
Si l'islam était une religion dans le sens ordinaire du terme, à savoir un ensemble de croyances et de rituels centrés sur la relation entre D' et l'homme, ces exigences auraient été parfaitement justifiées et compréhensibles: pourquoi les communautés musulmanes ne jouiraient-elles pas des mêmes prestations que les autres religions ?
Mais l'islam n'est pas une religion dans le sens étroit, conventionnel du terme; il déborde largement cette notion. Désignant un code juridique, un système social et politique, un mode de vie, l'islam vise à maîtriser totalement le comportement de l'individu, de la société, de l'État. Guerre et paix relèvent de son autorité ainsi que les relations entre les musulmans et le reste du monde; comme on l'a vu, il détermine également l'attitude à l'égard des non-musulmans qui ont l'infortune de se retrouver sous domination islamique. Un adage traditionnel renferme de manière lapidaire et précise la nature particulière de l'islam: «La religion et l'État sont des jumeaux.» Autrement dit, il n'y a pas de différence entre le sacré et le laïc dans l'islam, la notion de la séparation entre l'État et la religion y est tout simplement absente. Il en découle que la communauté des croyants musulmans est considérée comme l'Armée d'Allah, dont la lutte contre les ennemis d'Allah, soit tous les non-musulmans, constitue la principale raison d'être; cette lutte a pour but de soumettre autant de territoires possibles du monde à la domination d'Allah, c.-à-d. à la juridiction d'un gouvernement islamique exclusivement inspiré par le Coran, la tradition du prophète Mahomet et la Charia islamique.
Les Occidentaux ont tendance à se servir de la terminologie occidentale pour décrire l'islam, causant ainsi de sérieux malentendus concernant les contenus recouvrant ce terme.
Quelques exemples suffiront pour illustrer ces équivoques. Parler de la mosquée comme de «l'église des musulmans» est une erreur. La mosquée ne se limite pas à un lieu de prière, elle représente à la fois une institution religieuse, sociale et politique, alors que l'église est simplement la maison du culte. La mosquée a toujours représenté l'autorité du pouvoir autant que l'autorité de la loi d'Allah. Le serment d'allégeance à tout pouvoir y était prononcé mais les révoltes également étaient fomentées dans les mosquées. Le sermon de la mosquée servait autant à encourager la subordination à l'autorité en place qu'à exprimer les doléances du public, à soulever l'agitation et à attiser les révolutions.
«Le Coran est la Bible des musulmans.» Faux ! Il y a une énorme différence entre la Bible, créée il y a plusieurs millénaires et présentant un éventail de styles littéraires et de messages, et le Coran, ?uvre d'un seul homme, écrite dans un style homogène et présentant, avec peu de variations, un nombre limité de messages.
«Vendredi est le shabbat des musulmans.» Encore faux ! Il n'y a pas vraiment de jour chômé dans l'islam et vendredi est simplement le jour de la prière publique et du sermon public. Le Djihad, la «guerre sainte», pivot de l'histoire et de la foi islamiques, ne se réduit pas à la lutte contre les tendances pernicieuses, comme certains défenseurs de l'islam tentent de le faire croire, abusant leurs crédules interlocuteurs occidentaux par un langage politiquement correct. Loin d'être virtuelle, la guerre sainte est une guerre véritable, où le sang coule à flot, la lutte éternelle de l'islam contre le monde non musulman jusqu'à sa conquête totale.
Ces quelques exemples mettent en lumières la perception erronée de l'Occident et démontrent amplement que l'islam doit être défini non comme une religion mais comme une civilisation. Cette civilisation a connu son apogée et son accomplissement idéal dans l'empire créé par le Djihad, en conquérant les pays des autres peuples et en réduisant chacun d'eux à une minorité insignifiante.
Dans le monde d'aujourd'hui, le grand rêve des musulmans vise à renouveler l'empire et à faire renaître la culture du Djihad. Ces deux concepts définissent l'attitude de l'islam face à Israël, face aux Juifs et aux chrétiens, et face au monde occidental en général.
Israël constitue l'obstacle empêchant la renaissance du califat islamique au Moyen-Orient, cet empire qui s'étendait à travers d'immenses territoires conquis; ce califat sera chargé, comme dans son glorieux passé, de conserver l'esprit du Djihad, d'entretenir la flamme de la guerre sainte dans la voie d'Allah.
Le califat n'est pas un rêve mais un plan d'action, un objectif à réaliser. C'est là le message diffusé par Al-Quaida, l'organisation de Ben Laden, par les docteurs de la loi coranique dans les universités, par les prêcheurs de l'islam dans chaque mosquée du monde. La réalisation de cet objectif commence par l'affaiblissement, par l'intérieur, de l'ennemi chrétien, en manipulant ses propres institutions juridiques et ses médias libéraux, en se posant en éternelle victime, en terrorisant les civils et en asphyxiant ses économies. Autrement dit, le Djihad est déclenché simultanément sur de multiples fronts.
L'opiniâtreté de l'Iran à se doter de l'arme atomique, les déclarations djihadistes issues par les Palestiniens et par les diverses émanations d'Al-Quaida, l'hostilité ouverte des musulmans en Angleterre, en France, en Hollande et dans d'autres pays européens à l'égard de leurs hôtes, l'endoctrinement des enfants musulmans dès la maternelle pour qu'ils chérissent l'idée du martyre et aspirent à une telle mort (shahadah), tous ces facteurs font partie du calendrier séculaire de l'islam.
Que le rêve du califat soit réalisable ou non, seul l'avenir nous le dira; mais on ne peut plus ignorer l'existence d'une puissance anti-occidentale formidable et extrêmement active, semblable à celle qui sévissait au Moyen Âge, ni la considérer comme un rêve théorique ou romantique, comme la plupart des médias occidentaux le présentent. Nous sommes en présence d'une menace réelle, car l'islam et son armée de fidèles se positionnent à nouveau clairement contre le Dar al-Harb (la Maison de la guerre), terme réservé à la partie du monde non encore soumise à l'islam.
Le conflit a toujours bien convenu à l'islam. Aujourd'hui, il se trouve revigoré par un conflit particulièrement stimulant, se jouant d'une Europe impuissante. Créé par et pour les musulmans, il doit être poursuivi jusqu'à la capitulation des infidèles et à leur soumission à la loi d'Allah.
En considérant l'islam comme une religion, les Européens permettent aux musulmans d'utiliser les fonds des États occidentaux pour construire l'infrastructure d'une entité islamique au c?ur de chaque État, future tête de pont pour le conquérir de l'intérieur. Encore plus troublant: les milliards de dollars affluant de l'Union européenne et des États-Unis dans les caisses des groupes terroristes musulmans sous diverses couvertures ne sont rien d'autre que le tribut (djizyah) payé par les dhimmis d'Europe aux dominateurs musulmans. A l'instar de la djizyah, le tribut versé autrefois par le non-musulman pour s'assurer une sécurité limitée, l'argent européen représente la djizyah collective versée par le contribuable européen dans l'espoir (fallacieux) qu'elle lui procure le bénéfice du statut de dhimmi.

*Le professeur Moshé Sharon, autorité mondiale de la langue et de la civilisation arabes et professeur d'Histoire islamique à l'Université hébraïque de Jérusalem.


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