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Sommaire Fêtes juives Printemps 1994 - Pessah 5754

Éditorial - Mars 1994
    • Éditorial

Fêtes juives
    • Pessah 5754

Politique
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Pessah 5754

Par le Rabbin Zalman I. Posner *
"Si le Saint, loué soit-Il, n'avait pas sauvé et fait sortir nos ancêtres d'Egypte, nous serions encore assujettis aux Pharaons, nous, nos enfants et nos petits-enfants." N'est-il pas surprenant de débuter ainsi la Haggadah ? La vision de l'être humain en général et de sa destinée en particulier ne se révèle-t-elle pas bien sombre ? Combien de mouvements de libération ont-ils apporté la liberté à des esclaves, à des Nations, voire à des continents entiers depuis l'époque lointaine de l'Egypte ancienne ? Que peut bien signifier, pour nous, cette proclamation catégorique de servitude permanente ?
Notre indépendance politique et nationale constitue une forme de liberté sans prix, bien que limitée à ces deux domaines spécifiques. Dans le judaïsme, le terme "Egypte" est également synonyme de forme d'esclavage intérieur et spirituel propre à l'individu, totalement indépendant d'un éventuel droit de vote. Ces restrictions déterminant le comportement de l'homme peuvent s'avérer contraignantes et constituent souvent une limite au développement individuel et aux aspirations de l'homme. La Torah enjoint chaque génération à "quitter l'Egypte", à se libérer elle-même par le biais de ses efforts et de ses propres forces. Mais alors, pourquoi nous retrouvons-nous perpétuellement confrontés à des difficultés qui, de génération en génération, nous forcent à prévoir un avenir assez sombre placé sous la houlette d'un "Pharaon" de notre temps ?
Nous savons aujourd'hui que le slogan "une guerre qui mettra un terme à toutes les guerres" constitue l'une des plus grandes désillusions de notre temps et que les Nations Unies sont dans l'incapacité de trouver des solutions pouvant mener un jour à l'établissement d'une paix réelle et durable dans la région. Nous sommes tous suffisamment réalistes pour nous rendre compte qu'actuellement, le spectre de la guerre est plus présent que jamais. Le loup et l'agneau arriveront-ils un jour à cohabiter en paix ?
En 1930, si une grande personnalité avait prédit que quelques années plus tard il existerait au centre de l'Europe des usines pour assassiner des êtres humains et les transformer en cendres, elle aurait probablement été internée dans un asile psychiatrique. Aujourd'hui, si quelqu'un déclarait qu'Auschwitz ne se reproduira plus jamais, il subirait certainement le même sort. L'épée de Damoclès pend toujours au-dessus de nos têtes et l'homme, aussi moderne soit-il, ne s'est toujours pas débarrassé des sentiments profonds qui animaient et habitaient Caïn. Malgré l'évolution et les progrès de la civilisation, la nature profonde de l'homme ne s'est pas modifiée.
L'être humain naît avec des tendances conflictuelles. Le "yetzer haTov", soit les aspirations positives, le poussent à la décence et au bien, alors que le "yetzer haRa", les aspirations négatives, l'incitent au mal et à l'outrage. L'horreur nous a appris qu'il n'existe pas de limites. Pour l'homme déterminé, aucun sommet n'est suffisamment haut ni aucun abîme assez profond. L'individu est seul face à ses choix en ce qui concerne la qualité de sa vie et ce qu'il compte en faire. Il peut transformer sa vie de façon fondamentale et révolutionnaire. L'homme qui choisit de conduire son existence en fonction des valeurs et des traditions du judaïsme est appelé "baal Teshouvah". La Teshouvah, le retour à ces valeurs, n'est pas un geste de repentance réservé aux grands pécheurs, aux criminels d'envergure ou aux monstres. C'est un retour aux valeurs authentiques de l'individu, de son âme, de son potentiel positif inhérent. Il peut atteindre sa propre liberté et se libérer du "Pharaon" qu'il s'est imposé par sa propre détermination et non par un don du ciel. C'est ainsi qu'il peut quotidiennement "quitter l'Egypte", et ce de génération en génération.
Mais la bataille n'est jamais gagnée. Chaque enfant doit recommencer, bâtir sa propre vie. Certaines acquisitions sont transmissibles, comme la richesse financière acquise par les parents qui peut garantir le confort des enfants. Par contre, les acquis du savoir en Torah, la sagesse et les Mitsvoth (les bonnes actions) ne sont pas héréditaires. Seul l'exemple vivant et permanent des parents peut amener les enfants à les suivre.
A toute époque et en tout lieu, "nos enfants et nos petits-enfants" seront quotidiennement confrontés au combat de l'homme et aux défis de la vie, et seul le bon exemple de leurs parents les guidera.
Nos enfants vivront-ils donc avec l'ombre permanente d'un éventuel Auschwitz II ?
Chaque année, nous débutons le Séder en disant "Avadim Haynou", nous avons été des esclaves, et le terminons en chantant "Leshanah haba b'Yéroushalaïm", l'année prochaine à Jérusalem ! Ce message encourageant de Pessah nous permet de penser qu'il n'est pas vain de prier afin que la dernière guerre soit effectivement la dernière et surtout que nous nous retrouvions tous dans la Jérusalem authentique, non pas l'année prochaine, mais à Pessah 5754 !



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