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Sommaire Israël-Japon Automne 2006 - Tishri 5767

Editorial
    • Editorial - Septembre 2006 [pdf]

Roch Hachanah 5767
    • Lumière et Sérénité [pdf]

Politique
    • Les arbres et la forêt [pdf]

Interview
    • Espoir [pdf]
    • Réveil brutal [pdf]
    • Vivre sous les bombes [pdf]

Stratégie
    • La Deuxième guerre du Liban [pdf]

Reportage
    • Renforcer le maillon faible [pdf]
    • Un pas vers la lumière [pdf]
    • Gérer la bienfaisance [pdf]

Analyse
    • L’Ennemi de l’intérieur [pdf]
    • Négationnisme - Antisionisme - Antisémitisme [pdf]
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Science et Défense
    • L’Œil de Jérusalem [pdf]

Israël-Japon
    • Shalom Sumotoris [pdf]
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Pologne
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    • Combattre l’antisémitisme [pdf]
    • Juif et Polonais [pdf]
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    • Chabad en Pologne [pdf]
    • A perte de vue [pdf]
    • Le Zydowski Institut [pdf]
    • Dernière chance à Varsovie ? [pdf]

Ethique et Judaïsme
    • Les conditions élémentaires du mariage [pdf]

La Mémoire Courte
    • Les Événements du mois d'Octobre [pdf]

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Jérusalem et Tokyo

Eli Cohen.

Par Roland S. Süssmann

Nous avons profité de notre rencontre à Tel-Aviv avec S.E.M. ELI COHEN, ambassadeur d’Israël au Japon, venu en Israël pour accompagner le fabuleux voyage des Sumos, afin qu’il brosse pour nous un tableau des relations actuelles entre Jérusalem et Tokyo, dominée avant tout par les échanges économiques.

En général, lorsque nous demandons à un ambassadeur de décrire les relations entre le pays qu’il représente et celui où il est en poste, nous obtenons toujours la même réponse diplomatique: «elles sont excellentes». Pouvez-vous en dire autant en ce qui concerne l’état des rapports actuels entre Jérusalem et Tokyo ?

Il est assez intéressant de constater que les relations se sont déroulées en dents-de-scie. Depuis leur établissement en 1952, il y a eu en fait deux situations extrêmes, en 1973 et en 1991. En 1973, au moment du premier choc pétrolier, le Japon a énormément souffert de cette situation et instauré une forme de boycott de l’État juif. Seules les voitures Subaru étaient encore exportées vers Israël. En 1990, les Japonais ont «découvert» que ce n’était pas Israël qui était la source de tous les problèmes et dès ce moment-là, les relations ont connu une nette amélioration. Mais le point culminant a été en 2000, lorsque 18'000 touristes japonais sont venus en Israël et que les échanges commerciaux se sont élevés à plus de deux milliards de dollars, dont 65% étaient des exportations du Japon vers Israël. Quant aux exportations israéliennes, elles se situaient avant tout dans le domaine du diamant, de certains composants chimiques et d’outils de forages. Dès que la seconde Intifada a commencé, les échanges commerciaux ont baissé de manière drastique, jusqu’à 1,3 milliard de dollars. Toutefois, courant 2004/5, nous avons repassé la barre des 2,3 milliards de dollars, cette fois la majorité des achats japonais en Israël provenaient de la haute technologie. De plus, un grand nombre de joint-ventures et d’investissements japonais dans la très haute technologie israélienne se sont concrétisés, mais il s’agit là de chiffres ne figurant pas dans les échanges commerciaux. Je pense que 2006 connaîtra un net essor dans nos relations. En 2005 par exemple, nous avons accueilli 8’500 touristes japonais et en juin 2006, nous avions déjà dépassé les 15'000. De plus, dès novembre 2006, des vols charters directs entre Israël et le Japon vont prendre leur envol. Nous avons signé un accord stipulant que seules des compagnies israéliennes peuvent faire ce genre de vols, une, deux ou trois fois par semaine vers l’aéroport de Hameda, qui est bien plus pratique que celui de Narita. En fait, c’est grâce au voyage des Sumos qui, initialement, devaient prendre un vol charter, que nous avons pu finaliser cet accord si rapidement. Tout cela démontre qu’au niveau commercial, nous sommes en pleine courbe ascendante.

Où en sont les relations sur le plan politique ?

Le grand changement a eu lieu fin 2004 - début 2005. Nous avons expliqué aux Japonais que leur diplomatie basée sur des relations «équilibrées» au Moyen-Orient ne nous convenait pas car d’un côté, il y a Israël, État démocratique, et de l’autre, des terroristes qu’il faut traiter en tant que tels. En effet, il est inacceptable que nous soyons rendus coupables et punis parce que nous sommes confrontés à des terroristes. Pour la première fois dans l’histoire des relations, l’administration japonaise, tant au niveau du bureau du Premier ministre qu’à celui des Affaires étrangères, a adopté une attitude juste. Les Japonais ont compris que s’ils voulaient transformer leur force économique en pouvoir politique, ils ne pouvaient pas continuer à mener une politique uniquement pro-arabe. D’ailleurs, au niveau du terrorisme, ils ont aussi changé d’attitude, croyant fermement être quelque peu protégés. Or je leur ai rappelé que le Japon est le seul pays au monde à avoir subi une attaque chimique menée par des terroristes. De plus, je leur ai fait aussi remarquer qu’aux Jeux Olympiques d’Athènes, 300 sociétés de sécurité s’étaient trouvées en compétition pour assurer le bon déroulement des Jeux, qui représentaient la prochaine cible logique après les tours de New York. Je leur ai donc rappelé que les organisateurs avaient finalement confié le mandat de toute la sécurité des Jeux à une petite firme israélienne employant 30 personnes, et ce pour trois raisons: premièrement, chaque membre de la société avait une grande expérience sur le terrain; deuxièmement, ces hommes avaient déjà fait toutes les erreurs possibles et savaient raisonner comme un terroriste; finalement, ils étaient capables d’établir un système de sécurité pour un prix raisonnable tout en gardant l’accès aux Jeux relativement agréable. Les gens qui se rendaient à Athènes n’avaient absolument pas envie de voir des barricades et des uniformes à tous les coins de rue, ni de faire la queue aux points de passage pendant des heures. Les Japonais ont compris le message et aujourd’hui, il y a une grande coopération dans le domaine de la sécurité entre nos deux pays. Un dialogue stratégique s’est donc progressivement mis en place.

Qu’en est-il de l’influence arabe au Japon ?

Elle existe toujours et ne constitue pas notre souci principal.

Quelle est votre première préoccupation ?

Comme vous le savez, mon rôle est d’améliorer les relations entre les deux pays. Ma tâche est facilitée du fait que je parle assez bien japonais et que je lis mes discours écrits en lettres japonaises. J’ai dit à mes interlocuteurs japonais que la politique constitue un sujet bateau qui fait automatiquement surface dans toutes les conversations. J’ai donc décidé de mettre l’accent des relations entre les deux pays sur d’autres plans, économique, touristique, culturel, etc. Je leur ai dit: «lorsque nous parlons de l’amélioration des relations commerciales ou de projets culturels, est-ce que je vous pose des questions sur vos rapports avec les Nord-Coréens ? Pourquoi estimez-vous nécessaire de nous servir les palestiniens à toutes les sauces ?». Si vous voulez parler politique, parlons-en: la Corée du Nord est proche de l’Iran et sur ce pays, nous pouvons vous donner beaucoup de renseignements. J’ai demandé à tous mes collaborateurs d’éviter les sujets politiques…, sauf lorsque nous en prenons l’initiative. Dans l’ensemble, cela marche très bien. En conclusion, je dirai que les relations sont en voie d’amélioration, mais qu’il reste encore beaucoup à faire.

Pour terminer, une question personnelle. Il y a quelques années, vous avez tué un terroriste de vos propres mains. Que s’est-il véritablement passé ?

J’étais dans mon bureau lorsque j’ai entendu des coups de feu dans la rue. Comme c’était le jour de Pourim, je croyais que c’étaient des enfants qui utilisaient des pétards. Or en regardant par la fenêtre, j’ai vu que l’un des trois terroristes tenait des grenades. J’ai pris mon pistolet, j’ai couru dans la rue et lui ai tiré dessus. Malheureusement, mon arme s’est enraillée. Je lui ai alors couru après, l’ai attrapé et, d’un mouvement de karaté, je l’ai neutralisé. Il est tombé sur moi et sa grenade a explosé. Ayant quelque expérience militaire, je savais que je disposais de 4 secondes avant la déflagration. Je ne sais pas si c’est ma prise de karaté ou la grenade qui l’a tué. Pour ma part, j’ai été blessé et à ce jour, j’ai toujours un débris dans le corps que les médecins ont estimé trop dangereux d’extraire. Malheureusement, les deux autres terroristes ont réussi à blesser 50 personnes ce jour-là.

Est-il exact que vous enseignez le karaté au Japon ?

Je suis cinquième Dan de karaté depuis 1990 et j’ai un Dojo au Japon, ce qui en surprend plus d’un au pays du Soleil-Levant. De plus, je suis le numéro un en Israël et ai obtenu la médaille d’or aux Macabiades de 1981. En 1985, comme j’avais été blessé, j’étais l’entraîneur de l’équipe israélienne. J’ai de nombreux interlocuteurs japonais qui me demandent pourquoi je pratique un sport de combat issu d’une philosophie japonaise. Je leur réponds toujours que c’est sur ce point précis que Juifs et Japonais sont le plus proches: la prédominance du pouvoir de l’esprit sur la force physique brute. Pour s’en convaincre, il suffit de lire la Bible et de voir qui sont nos héros: Jacob, dont le nom a été changé en Israël après qu’il se soit battu avec l’ange; Israël, qui signifie combattre l’Éternel ou se battre avec lui; David, qui a battu Goliath, Samson, qui a vaincu les Philistins, et même Moïse. Nous sommes des combattants sur le plan spirituel, politique, économique, militaire, etc. Je pense que par ce biais, en promouvant les relations au niveau intellectuel et sportif, j’agis aussi dans le cadre de l’amélioration des rapports entre Jérusalem et Tokyo.

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