News Numéro courant Sondage: résultats Recherche Archives Deutsch English Русский עברית Español


Sommaire Stratégie Automne 2004 - Tishri 5765

Éditorial - Septembre 2004
    • Éditorial [pdf]

Roch Hachanah 5765
    • Autodiscipline – Respect – Espoir [pdf]

Politique
    • Deux solitudes [pdf]

Interview
    • Antisémitisme en 3-D [pdf]
    • Le Moment de vérité [pdf]
    • État et Nation [pdf]

Stratégie
    • Protection et Défense [pdf]

Judée-Samarie-Gaza
    • Gaza d’abord ? [pdf]

Jeunes Leaders
    • Gideon Sa’ar [pdf]

Recherche Médicale
    • Éliminer oui – Inciser non ! [pdf]

Shalom Tsedaka
    • Alyn [pdf]

Médecine et Halakha
    • Sexe - Morale – Législation [pdf]

Recette pour Roch Hachanah
    • Bon appétit [pdf]

Hongrie
    • Jérusalem – Budapest - Sarajevo [pdf]
    • Témoin de son temps [pdf]
    • Le Mémorial de l’Holocauste [pdf]
    • Pinchas Tibor Rosenbaum [pdf]
    • Culpabilité hongroise [pdf]
    • Travail forcé en uniforme [pdf]
    • Défi et responsabilité [pdf]
    • La Mazsihisz [pdf]
    • Le Musée juif de Budapest [pdf]
    • Donner l’exemple [pdf]
    • Éducation juive [pdf]
    • Le Séminaire rabbinique de Budapest [pdf]

Éthique et Judaïsme
    • Un petit joint ? [pdf]

La Mémoire courte
    • Les Événements du mois de septembre [pdf]

Envoyer par e-mail...
Protection et Défense

Le Major général Dan Halutz. Photo Bethsabée Süssmann

Par Roland S. Süssmann
Au cours d’une cérémonie simple, sobre et chaleureuse qui s’est déroulée le 15 juillet 2004 dans les bureaux du Premier ministre Ariel Sharon, le Major général DAN HALUTZ, né à Tel-Aviv et âgé de 55 ans, ancien commandant en chef des forces aériennes d’Israël, a été élevé au grade de Vice-chef d’état-major de l’armée de défense de l’État d’Israël (IDF). La rédaction de SHALOM est fière et heureuse d’être à même d’offrir à ses lecteurs la toute première interview que le Major général Dan Halutz a accordée à un journal non israélien moins de trois semaines après avoir pris ses nouvelles fonctions.
C’est la première fois dans l’histoire du jeune État qu’un homme venu de l’aviation accède à ce poste, ce qui est significatif de la nature du combat que mène Israël aujourd’hui et surtout du rôle primordial que joue l’aviation dans la défense d’Israël. L’armée n’exclut pas la possibilité que la prochaine guerre de défense qu’elle devra mener se déroulera sur un champ de bataille très éloigné de ses frontières. Dans ce cas, l’IDF devra pouvoir compter sur un homme à même de diriger, à grandes distances, des forces numériquement importantes, y compris des jets, des hélicoptères et des avions de transport pour des divisions aéroportées légères. Dan Halutz était à la tête de l’aviation militaire depuis avril 2000, qu’il avait rejoint en 1966. Pendant la Guerre des Six Jours, il était encore en formation, mais au moment de la guerre d’usure menée par l’Égypte contre Israël, il s’est distingué par de nombreuses interventions aux commandes du nouvel F-4. Curieusement, en 1973, Dan Halutz avait décidé de prendre un congé de l’armée pour faire des études, mais la Guerre de Kipour l’a très rapidement rappelé sous les drapeaux. Il a alors effectué 43 sorties de combat et a décidé de faire sa carrière en uniforme. Toutefois quatre ans plus tard, il a de nouveau quitté l’armée pour travailler pendant un certain temps dans la promotion immobilière. Une fois encore, la guerre lui a fait rejoindre les rangs de l’armée, cette fois-ci pour l’opération «Paix en Galilée» en 1982, au Liban. Progressivement, il a volé dans plusieurs types d’appareils, y compris dans la dernière version du fameux F-16 et a appris la maîtrise des systèmes de défense les plus sophistiqués. Dan Halutz a dirigé la base aérienne de Hatzor et en 1998, il a été coopté à l’état-major. En sa qualité de chef de l’aviation, Dan Halutz s’était imposé de voler au moins une fois par semaine aux commandes d’un jet et d’un hélicoptère. A ce jour, il a accumulé plus de 4500 heures de vol. Certains racontent que lorsqu’il tient le manche d’un avion, il chante à tue-tête… Dan Halutz est marié et père de deux fils et d’une fille.
Le nouveau deuxième personnage de l’armée nous a reçus dans son bureau du quartier général pour une analyse d’une heure sur la question du terrorisme, dont l’essentiel est rapporté ici.

Pouvez-vous en quelques mots dresser un portrait de la situation actuelle à laquelle Israël est confronté sur le front du terrorisme arabe ?

Pour moi, il est bien plus facile de combattre le terrorisme que d’en parler. Pour expliquer ce phénomène, il faut se rappeler quelles sont les racines du terrorisme et en particulier quelle est la nature du terrorisme islamique. Nous ne sommes pas en présence d’un phénomène nouveau, car celui-ci a été initié il y a 120 ans lorsque le mouvement sioniste mondial a pris la décision aussi dramatique que fondamentale de tenter de reconstruire un foyer national pour le peuple juif en Israël. Dès l’installation des premiers Juifs sur les terres d’Israël, le terrorisme a commencé. Il n’était pas très organisé, mais néanmoins meurtrier et dommageable. Pour ma part, lorsque je regarde l’historique du terrorisme, je ne peux faire abstraction du fait qu’en 1929, 1936 et 1939, nous avons subi de très graves explosions de terrorisme. Juste avant et immédiatement après la déclaration de l’État, nous avons connu une campagne de terrorisme très organisée dirigée contre la population juive. Depuis lors, les États arabes avoisinants ont mené une lutte sans merci, bien que le terrorisme n’était pas quotidien, contre l’existence au Moyen-Orient d’Israël en tant qu’État juif indépendant. On peut estimer que les guerres ont en fait constitué l’expression concentrée et dense d’un conflit ininterrompu. Toutefois, depuis 1967, nous pouvons observer ce phénomène d’un autre point de vue. En effet, c’était la première fois que le terrorisme émanait de territoires étant sous notre contrôle. Aucun gouvernement ne pouvait être rendu responsable pour ces actes, bien qu’au début, ils étaient soutenus par certains États. Avec le temps, nous avons constaté que ce terrorisme intérieur gagnait de l’importance et la première explosion a eu lieu en 1987 et a duré jusqu’en 1991, au moment de la première guerre du Golfe. Puis la seconde vague de terrorisme a commencé en septembre 2000 et continue encore de nos jours.

Pensez-vous que celle-ci sera bientôt terminée ?

Absolument pas et pour l’instant, je ne pourrais pas affirmer que nous pouvons entrevoir une fin rapide. Il est vrai que nous constatons une baisse considérable des succès obtenus par nos ennemis. Mais avant d’analyser les différents aspects de ce qui s’est passé au cours des quatre années écoulées, je voudrais rappeler un certain nombre de faits. Jusqu’au fameux 11 septembre 2001, nous étions considérés comme ayant «plus de responsabilités que les autres» par rapport à tout ce qui se passait sur le plan du terrorisme dans notre région. Le drame du 11 septembre 2001 a révélé à ceux qui ne l’avaient pas compris que le terrorisme est un phénomène mondial et pas seulement un problème qui ne concerne que les Juifs et les Israéliens. C’est la première fois qu’un acte de terrorisme significatif à grande échelle était perpétré à l’extérieur d’Israël et, suite à cette attaque, les Américains ont pris la décision stratégique de combattre activement le terrorisme. Je dois aussi dire que lorsque nous regardons le terrorisme du point de vue israélien, nous observons trois cercles de la terreur: le local, dirigé par les organisations palestiniennes contre des Israéliens; le régional, qui se déroule au départ des pays avoisinants et plus particulièrement sur notre frontière nord par le Hezbollah qui bénéficie du soutien direct du Liban, de la Syrie et de l’Iran; et finalement le terrorisme international, qui ne nous touche pas exclusivement, et qui affecte l’Europe, notamment l’Espagne et la Turquie, les USA, l’Extrême-Orient, surtout l’Indonésie et les Philippines, ainsi que de nombreux autres endroits qui n’ont rien à voir directement avec le conflit local auquel nous sommes confrontés quotidiennement. Cette terreur, dirigée par El Quaida et par les mouvements du Djihad Islamique, vise chaque parcelle de la culture occidentale. Je dirai qu’il s’agit d’un problème qui affecte le monde entier et surtout les Européens qui, à ce jour, n’ont toujours pas accepté de reconnaître cette réalité. Mais ce n’est qu’une question de temps, la situation les forcera à confronter le phénomène terroriste.

Bien qu’Israël soit directement impliqué dans le combat de chacun de ces trois niveaux, c’est malgré tout le premier cercle qui constitue la priorité de votre combat quotidien. Pouvez-vous en quelques mots nous donner une brève analyse de la situation ?

Il y a quatre ans, lorsque la violence a éclaté comme un orage d’été, nous avons vécu un renversement de situation radical par rapport aux périodes de calme relatif qui ont précédé cette explosion. Ceci ne signifie pas que nous ayons été pris par surprise, nous nous étions préparés à ce genre de situation, estimant qu’il s’agissait d’un scénario possible. Il ne faut pas oublier que nous étions dans une négociation permanente avec l’Autorité palestinienne afin de trouver une solution. De plus, le gouvernement israélien avait fait une offre extrêmement généreuse aux palestiniens, basée sur les Accords d’Oslo. Nous pensions que tout avançait positivement et qu’en définitive, nous serions à même de conclure un accord satisfaisant pour tous. Malheureusement, ces beaux espoirs nous ont éclaté à la figure. Le leadership de l’Autorité palestinienne a décidé de tenter d’obtenir encore plus en utilisant le terrorisme contre nous. Je dois aussi souligner que cette démarche a été prise par les palestiniens au vu de notre retrait précipité du Liban, qu’ils ont faussement interprété comme étant un signe de la faiblesse des Israéliens. Ils pensaient que le fait que nous avions quitté le Liban signifiait que nous ne serions pas prêts à nous battre lorsque cela s’avèrerait nécessaire pour défendre notre population et nos foyers. Si nous n’avons effectivement pas été pris par surprise, nous ne nous attendions pas à ce que ce phénomène se développe de manière aussi importante. Les résultats que nous pouvons observer actuellement sont le reflet de l’évolution que nous avons vécue au cours des quatre années écoulées. Tout d’abord, nous avons développé nos capacités opérationnelles, renforcé notre légitimation d’intervention et compris les limites du pouvoir. Il ne fait aucun doute qu’en ce qui concerne les forces à proprement parler, celles de l’IDF sont nettement supérieures à celles de ses adversaires. Mais dans un tel conflit, la question est de savoir quel type de force peut être utilisé et surtout quand il doit être appliqué. Le 11 septembre a très nettement renforcé la légitimité de notre combat, surtout aux yeux des Américains qui ont directement souffert d’attaques terroristes très sévères. C’est ainsi qu’un certain nombre de nos démarches, que nous tentions d’expliquer avant cette date fatidique, n’étaient simplement pas ou que très difficilement comprises. Cela n’est plus le cas, pour l’instant. Malheureusement, les Européens ont toujours beaucoup de mal à comprendre et à admettre notre position. Je dis malheureusement, car je ne vois pas très bien comment il est possible de ne pas reconnaître que le terrorisme est un phénomène négatif. De temps en temps, j’ai l’impression que la terreur dirigée contre nous bénéficie du support moral et intellectuel informel des pays européens, qui ne comprennent pas ce que signifie le fait d’apporter un appui, aussi minime soit-il, à des organisations terroristes. Ils ne réalisent pas que les terroristes qu’ils supportent aujourd’hui peuvent décider du jour au lendemain de se retourner contre eux. Ce n’est pas parce que ces pays apportent leur concours à certains organismes de la terreur qu’ils sont à l’abri d’un changement radical d’attitude à leur égard. Les décisions sont entre les mains des terroristes. Il est erroné de croire qu’en leur apportant un soutien direct ou indirect, une nation ne sera pas soumise au même traitement que toutes les autres le jour où les terroristes estimeront qu’il est dans leur intérêt de déclencher une vague de terreur dans l’un ou l’autre des pays qui les ont soutenus pendant des années.

Vous nous avez dit qu’au cours des quatre dernières années, la lutte contre le terrorisme en Israël a connu une certaine évolution. De quoi s’agit-il exactement ?

Nous avons effectivement vécu différentes périodes. Au début, nous assistions en fait à un genre de «soulèvement populaire» dans le cadre duquel un assez grand nombre de civils armés participaient directement aux échauffourées. Bien entendu, ils ont subi de nombreuses pertes. Nous avons ensuite vécu un changement de stratégie et avons subi les attaques des bombes humaines ce qui, d’une certaine manière, constituait un phénomène nouveau. Nous avons alors pris conscience du fait que ce n’étaient pas les soldats mais les civils israéliens qui étaient la cible désignée par le leadership palestinien. Bien que chacun d’entre nous ait encore ces horribles scènes à l’esprit, je veux rappeler ici que ces terroristes ont à chaque fois décidé de frapper là où ils pouvaient faire le plus de dégâts et assassiner le plus de Juifs, hommes, femmes, enfants et vieillards confondus. Le point tournant a été atteint lorsqu’en mars 2002, un terroriste-suicide s’est fait exploser à l’hôtel Park à Netanya, assassinant 29 Israéliens, qui célébraient le séder de la fête de Pessah, et blessant de nombreux autres. C’est suite à ces événements que nous avons décidé d’entrer dans les territoires soumis à l’Autorité palestinienne et depuis, nous n’avons plus quitté les lieux dont nous avons pris le contrôle. Dès ce moment-là, nous avons vécu une nouvelle évolution dans nos capacités de contrôler et de réduire le niveau et la fréquence de la terreur. Ceci ne s’est pas fait en un tour de main, mais en une année, nous avons progressivement réussi à gérer la situation en fonction de nos décisions et de nos critères d’action. Parallèlement, nous avons réorganisé nos forces de manière à ce qu’elles soient plus efficaces. Nous avons établi une meilleure coopération entre les différents services, entre les forces de l’air et de terre, entre les diverses agences de sécurité et les forces d’interventions. Cette coopération a permis de réduire considérablement le champ d’action des terroristes. Tout d’abord, nous nous sommes installés au cœur même de leurs centres d’activités, qui à ce jour se trouvent encore à Jenin, Naplouse, Ramallah, Toulkarem et dans tous les endroits vitaux les plus importants de Judée et de Samarie. Je me contente pour l’instant de n’évoquer que ces deux régions, car la question de Gaza constitue un chapitre séparé. Notre présence en Judée-Samarie, non seulement dans les villes arabes mais également dans les villages et entre les agglomérations, nous permet d’intervenir très rapidement. Nous pouvons observer et contrôler leurs mouvements. Concernant les services de renseignements, nous avons réussi à nous infiltrer à tous les niveaux et ce en développant des moyens technologiques particuliers. Sans me vanter, je peux affirmer qu’à ce jour, aucune autre force au monde qui combat le terrorisme n’a accès au nombre et au niveau d’informations qui nous sont communiquées en permanence. Actuellement, nous contrôlons la situation sur le terrain et dans les airs.

Vu cette situation, la barrière de sécurité est-elle vraiment utile ?

Savez-vous quelle est la différence entre une clôture et une muraille ? La clôture permet de voir ce qui se passe de l’autre côté. Notre barrière a bien plus de secteurs ouverts que de parties en béton et remplit parfaitement son rôle. Toutefois, il faut savoir qu’elle ne constitue pas un élément isolé en soi, elle fait partie d’un concept de défense global. Celui-ci veut que dans le cadre de notre contrôle absolu du terrain, comme je viens de vous le décrire, nous bloquions également les terroristes en les empêchant de se rendre dans des régions ou des centres de peuplement israéliens. Nous ne pouvons agir de la sorte qu’en créant un obstacle important, qui est la fameuse clôture. A ce jour, celle-ci s’est avérée des plus efficaces, d’ailleurs les chiffres démontrent qu’il y a en fait une réduction importante du nombre des victimes côté israélien. Mais je vous dirai que cette clôture génère un autre aspect positif. En effet, la réduction de victimes de notre côté provoque automatiquement la diminution des victimes arabes, car en définitive ces deux éléments sont directement liés. Malheureusement, une partie de la communauté internationale estime que c’est le leadership palestinien qui a décidé de réduire son niveau d’activités violentes à notre égard. Il n’en est rien, cette nouvelle réalité est exclusivement due au succès des actions entreprises par Israël. La motivation de nos ennemis est toujours très élevée, mais notre stratégie de poursuivre les dirigeants des groupes terroristes s’est avérée payante. Notre but est de décapiter massivement leur leadership de manière à ce qu’ils aient énormément de difficultés à produire de nouveaux dirigeants. Il est bien entendu que lorsque l’on supprime un leader, le numéro deux n’a pas les mêmes capacités ni la même expérience que le numéro un. En agissant ainsi, nous réduisons considérablement les capacités de nos ennemis de nous faire subir la terreur. Mais le fait que nous «coupions les têtes» au plus haut niveau, puis au second, troisième et quatrième, ne signifie pas que nos ennemis ont perdu tous leurs moyens, ils ont simplement moins de succès car nous les combattons parallèlement à plusieurs niveaux. Tout d’abord, nous éliminons les terroristes individuellement, puis nous détruisons leurs infrastructures et nous nous attaquons à ceux qui les soutiennent ainsi qu’à leurs circuits financiers.

Concernant toujours la clôture de sécurité, sa route vient d’être récemment modifiée par la Haute Cour de Justice. Pensez-vous que son nouveau tracé sera aussi efficace que le précédent ?

Il faut se souvenir que la barrière n’a qu’une fonction sécuritaire et aucune vocation politique. Cela dit, sont but est d’augmenter la sécurité de chaque Israélien, que nous sommes chargés de défendre, où qu’il vive en Israël. Le gouvernement israélien nous a donné la liberté totale de construire cette clôture en fonction de nos exigences professionnelles. Ce que vous appelez la nouvelle route constitue en fait un certain nombre de changements qui prennent en considération la réalité humanitaire sur le terrain de manière un peu plus directe. Mais sur le plan purement sécuritaire, son efficacité n’est pas affectée.

Il est étonnant qu’après avoir été confrontées pendant quatre ans par une armée comme la vôtre, qui dispose des moyens dont vous m’avez parlé et qui a mis au point une stratégie remarquable pour combattre le terrorisme, les organisations terroristes arabes n’ont pas baissé les bras et continuent à harceler la population israélienne, certes de manière réduite, mais constante. Comment expliquez-vous ce phénomène ?

Leur motivation est entretenue par deux éléments: l’idéologie et l’argent. L’idéologie en tant que telle n’a qu’une très courte vie si les fonds viennent à manquer. Nous devons donc avant tout leur couper les ressources financières, ce qui n’est pas très facile. D’ailleurs, il s’agit là d’un geste qui peut être réalisé par de nombreuses nations à travers le monde, sans que nous intervenions. Malheureusement, trop de pays n’ont pas encore saisi (volontairement ou involontairement) l’importance de mettre un terme à l’aide financière apportée aux organisations terroristes. Je ne pense pas que ceci soit uniquement essentiel pour nous, mais pour l’ensemble de la lutte contre le terrorisme international. Concernant la question de l’idéologie, afin de pouvoir chercher ou trouver des solutions, il faut bien comprendre les racines du conflit. Je rappellerai que notre querelle touche quatre points essentiels: le territoire, Jérusalem, le «droit du retour des réfugiés arabes» et mettre un terme au conflit de manière définitive. Concernant le «droit du retour», je pense qu’aucun gouvernement israélien ne sera disposé à accepter cette requête ou même à entrer en matière sur cette question. Ce serait suicidaire, car une telle démarche mènerait directement à une inondation arabe, ce dont il ne saurait évidemment être question. Quant à la question territoriale et à Jérusalem, en juillet 2000 le gouvernement d’Israël a fait une offre d’une énorme générosité qui a été rejetée par les Arabes. Si un jour, lors de négociations, ces questions se retrouvent à l’ordre du jour, il est impossible de prédire ce qui se passera alors. Enfin, notre but suprême est de mettre un terme définitif au conflit. C’est de cette évolution cruciale que dépend la progression des trois points que j’ai évoqués. Ce sera quelque chose de très difficile à réaliser, mais qu’il ne faut pas perdre de vue. De plus, pour arriver à un accord définitif, il faut avant tout qu’il y ait une cohésion entre les différents protagonistes du même camp. Or actuellement, au sein même du leadership arabe, il n’y a aucune entente, chacun prêchant pour sa propre paroisse, ses propres intérêts et idéologies. Le Hamas veut nous jeter à la mer et l’Autorité palestinienne, le représentant officiel des palestiniens, dit qu’elle est disposée à faire des compromis dont la nature est des plus mystérieuses…

Avant de parler de mettre un terme au conflit, pouvez-vous nous dire quelques mots sur la manière dont vous voyez l’évolution sécuritaire, si jamais le projet de retrait unilatéral prévu par le Premier ministre devait se réaliser ?

Tout d’abord, je veux souligner que tant que nous n’avons pas d’ordre contraire du gouvernement israélien, nous sommes dans l’obligation de protéger et de défendre les citoyens israéliens qui vivent à Goush Katif et ce sans restriction aucune. L’idée du désengagement de cette région n’est pas de l’abandonner militairement, mais de la contrôler de l’extérieur et de laisser les palestiniens prendre soin de leurs propres affaires. Je pense que ceci est plus facilement dit que fait. En effet, sur le plan technique et national, cela implique de reloger plusieurs milliers d’Israéliens, de redéployer nos forces et de maintenir la sécurité uniquement de l’extérieur. Ceci ne signifie en rien que nous allons baisser les bras et réduire nos efforts pour combattre le terrorisme, nous continuerons à poursuivre le leadership de la terreur avec toute la vigueur et tous les moyens que nous utilisons aujourd’hui. Quand nous nous retirerons et si nous nous retirons, nous n’abandonnerons pas cette région aux mains des organisations terroristes qui pourront y agir à leur guise pour lancer de nouvelles attaques contre Israël. L’idée de ce retrait unilatéral de Gaza n’est pas d’encourager le terrorisme mais de le réduire. En tant qu’armée de l’État d’Israël, nous exécutons les décisions prises démocratiquement.

Même si cela signifie de combattre militairement des Juifs ?

Je ne crois pas que des Juifs devront combattre des Juifs et je veux croire que nous n’en arriverons pas à ce stade. En Israël, chaque Juif sait très bien que toute forme de querelle entre nous ne fait que renforcer nos ennemis. En définitive, nous sommes en démocratie et il existe de nombreux moyens, pour les civils, de combattre légalement les décisions gouvernementales avec lesquelles ils ne sont pas d’accord. Mais en définitive, les lois doivent être appliquées et c’est à nous, l’armée, de faire en sorte qu’elles soient exécutées, même s’il s’agit d’un processus douloureux.

Vous nous avez parlé de la frontière nord d’Israël. Est-il exact que le Hezbollah dispose de roquettes qui peuvent toucher Haïfa et toutes les autres villes de la Galilée ?

Le Hezbollah est un groupe terroriste qui mène une guerre contre Israël pour le compte de la Syrie et de l’Iran. Il tente de disséminer la terreur auprès de la population civile qui vit au nord d’Israël en la menaçant constamment. A ce jour, le Hezbollah a réussi à se procurer des roquettes sol-sol qui peuvent frapper à moyenne et longue distance plusieurs endroits en Israël. Je pense qu’en ce qui concerne le Hezbollah, nous avons encore un grand combat devant nous. Le fait que cet organisme opère au départ du Liban constitue avant tout un danger pour ce pays, que nous rendons responsable pour toute action terroriste dirigée depuis son territoire vers Israël. Le Liban est un pays indépendant qui a les moyens de contrôler ce qui se passe chez lui. S’il ne le fait pas, il devra payer le prix de ses faiblesses. Ce qui est vrai pour le Liban l’est aussi pour la Syrie.

Que pensez-vous de l’implication d’Arabes israéliens dans des actes de terrorisme contre des Juifs ?

Ce sont des citoyens israéliens qui bénéficient de tous les droits et qui sont soumis aux mêmes lois que tous les autres habitants de notre pays. Cela dit, s’il y en a parmi eux qui se lancent dans la terreur contre nous, nous les combattrons comme tous les autres terroristes. Mais je pense qu’il serait faux de voir en chaque Arabe israélien un terroriste potentiel ou un collaborateur, car ceci ne correspond simplement pas à la réalité. Nous sommes malgré tout préoccupés lorsque nous constatons que des Arabes israéliens sont impliqués dans des organisations terroristes. Pour l’instant, il ne s’agit que d’un phénomène marginal. La plupart d’entre eux ont été attrapés..., les autres le seront. Je conclurai ce sujet en disant que la majorité des Arabes israéliens non seulement veulent vivre en paix ici, mais souhaitent garder leur nationalité israélienne quelle que soit l’évolution de la situation politique dans la région.

Contacts
Redaction: edition@shalom-magazine.com   |  Advertising: advert@shalom-magazine.com
Webmaster: webmaster@shalom-magazine.com

© S.A. 2004