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Sommaire Éditorial - Pintemps 1998 Printemps 1998 - Pessah 5758

Éditorial - Pintemps 1998
    • Éditorial

Pessah 5758
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Analyse
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    • Célébrons dans l'allégresse

Cinéma
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Judée - Samarie - Gaza
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Médecine
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Éthique et Judaïsme
    • Environnement et responsabilité individuelle

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Éditorial

Par Roland S. Süssman - Rédacteur en chef
Chères lectrices, chers lecteurs,
Un peu plus d'un demi-siècle après la fin de la Shoa, nous vivons une époque formidable ! Jamais au cours des deux derniers millénaires, la situation du peuple juif n'a été aussi remarquable et confortable. Les persécutions de Juifs ont totalement disparu et, hormis des relents d'antisémitisme et quelques restrictions dans la liberté d'observer le judaïsme, nous avons aujourd'hui le privilège de pouvoir pratiquer ouvertement notre religion partout dans le monde. Parallèlement, le peuple juif est doté d'un État indépendant, fort, resplendissant et moderne dirigé par un gouvernement nationaliste et déterminé dont l'objectif final est la mise en place de la prophétie d'Isaïe disant: "Aucune nation n'élèvera plus l'épée contre une autre nation."
Certes, la paix constitue un but à atteindre mais aujourd'hui, le mot d'ordre est prudence, car il ne s'agit pas de confondre espoirs et réalités. Il ne saurait être question pour Israël de mettre en jeu les acquis des cinquante dernières années dus à l'héroïsme de sa population et de ses soldats: des combattants de l'ombre d'avant la déclaration de l'État aux pilotes, tankistes, marins, parachutistes, commandos, agents secrets, etc., qui ont mis et mettent encore leur vie en danger tant en Israël que derrière les lignes ennemies. A cela s'ajoute le dur labeur quotidien des pionniers qui, hier comme aujourd'hui, vivent aux frontières d'Israël, en Galilée, dans le Néguev, en Judée-Samarie et à Gaza, sans oublier le soutien apporté par les Juifs de la Diaspora. Cet effort concerté a permis de faire de l'État hébreu un foyer national sûr pour chacun d'entre nous. Rappelons qu'Israël constitue un îlot de démocratie, un avant-poste de la puissance et de la culture occidentales au Moyen-Orient, région où il est la seule nation à ne pas être dirigée par un régime dictatorial. De plus, aucun signe, même avant-coureur, d'une éventuelle démocratisation des pays arabes n'est en vue.
L'existence d'Israël n'est toujours pas acceptée par le monde arabe comme un fait irréversible. Il est vrai que les dirigeants égyptiens (qui mènent le bal des offensives diplomatiques contre Israël) et jordaniens ont signé la paix avec Israël, mais ont-ils été suivis par leurs populations, par l'intelligentsia, voire même par la communauté industrielle et commerçante de leurs pays respectifs ? Non ! Dans ce contexte, Israël ne peut pas se permettre de "signer des accords" simplement pour faire remonter son taux de popularité car, contrairement à l'OLP, l'État juif a l'habitude d'honorer sa signature. Il l'a prouvé en abandonnant le Sinaï et ses ressources ainsi que d'importantes régions au cýur même des terres juives de Judée, de Samarie et de Gaza. Quant au dernier accord, celui dans lequel Benjamin Netanyahou a confié à Arafat une partie de l'administration de Hébron, la seconde ville sainte du judaïsme, l'OLP n'a tenu aucun de ses engagements.
Malgré tout, le gouvernement Netanyahou est disposé à continuer à faire des concessions territoriales en faveur des Arabes palestiniens, mais pas de façon unilatérale. Il est même prêt à faire des efforts et des sacrifices douloureux si ceux-ci garantissent à la population israélienne de vivre en paix pour les décennies à venir. Mais il n'a pas l'intention de mettre en jeu les droits légitimes du peuple juif et la sécurité nationale.
Outre les dangers auxquels Israël doit faire face depuis le début de son existence - des milliers de soldats montent la garde 24h/24 à toutes les frontières du pays - l'État juif est confronté aux dangers engendrés par la conspiration d'Oslo. C'est ainsi qu'en violation flagrante des accords signés, l'OLP tente de se doter de lance-missiles portables MANPADS (man-portable-air-defense-system) pouvant abattre tout avion militaire en vol et attaquer les populations civiles.
Nous le voyons, les Arabes n'ont pas changé. Ils n'ont pas digéré les défaites de 1948, 1956, 1967 et 1973, et la disparition d'Israël reste leur ultime but, comme le démontre la charte de l'OLP, jamais modifiée ! La politique du gouvernement actuel, qui est d'insister sur la réciprocité et de refuser toute concession sans contrepartie tangible et vérifiable, est commandée par un bon sens élémentaire. Aucune pression, qu'elle provienne des USA, de l'Europe ou de la gauche israélienne, ne le fera changer de position.
Au moment où Israël, militairement fort, scientifiquement et industriellement à la pointe du progrès, fête ses 50 ans, il faut bien constater que la Diaspora est rongée par les mêmes préoccupations que lorsque Israël célébrait ses 25 ans: l'assimilation galopante, la perte d'identité juive et les mariages mixtes. Ce sont là les conséquences directes d'une instruction juive déficiente et d'une éducation juive frêle et fastidieuse distillées mollement à travers le monde. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir quelle sera notre situation dans la Diaspora lorsque Israël aura 75 ou 100 ans ? Aurons-nous été capables d'enrayer ces fléaux qui, jour après jour, grignotent notre peuple ? Serons-nous alors dotés d'un leadership constitué d'une élite puissante d'hommes et de femmes courageux disposant d'un solide savoir juif ? Ou alors nous contenterons-nous d'élus issus exclusivement de l'oligarchie de la finance et non de celle de l'esprit ? Le rabbinat se bornera-t-il encore et toujours à gérer la crise et à constater les échecs ? Aura-t-il été capable de se renouveler et d'avoir mis en chantier un programme fort et enthousiasmant pour la jeunesse ? Une majorité d'enfants juifs sera-t-elle scolarisée dans des écoles juives dans lesquelles une instruction laïque et juive de haut niveau sera enseignée ?
C'est vrai, nous vivons une "époque formidable" et il serait choquant que nous ne sachions pas mettre à profit cette aubaine rarissime afin de préparer l'avenir. Il ne s'agit pas là d'un défi qui nous est lancé, mais d'une simple interpellation qui nous demande d'assumer nos responsabilités et nos devoirs. Il ne saurait être question de se lancer dans des projets pompeux et vides de sens, mais de mettre en place une série de programmes qui seraient progressivement réalisés par un travail quotidien de fourmi et ce au niveau individuel, scolaire et communautaire. Nous en avons les moyens techniques et financiers... A nous d'avoir la volonté nécessaire et de savoir saisir cette chance !
C'est dans cet esprit que toute l'équipe de Shalom vous souhaite de passer d'excellentes fêtes de Pessah.

Roland S. Süssmann
Rédacteur en chef

Jérusalem, mars 1998.

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