L’atomisation de la Knesset
Par Roland S. Süssmann
L’une des curiosités de la campagne électorale en cours réside dans la multiplicité des partis qui se présentent. La droite est divisée, la gauche est éclatée. Il en va de même pour les représentations parlementaires des groupes ethniques comme par exemple le «Shas» des Juifs marocains, dont un sous-groupe s’est fait jour, ainsi que pour le parti russe, «Israël Bealiah», de Nathan Chtaransky qui connaît également une scission. Celle-ci a mené à la création d’une nouvelle formation dirigée par M. Avigdor (Yvet) Lieberman, qui porte le nom de «Israël Beïtenou» (Israël notre maison). Pour couronner le tout, un autre mouvement, qui se veut centriste, est né sous la direction du général Itzhak Mordehaï, récemment destitué de ses fonctions de ministre de la Défense par Benjamin Netanyahou. Au sujet de cette nouvelle union, un marchand de légumes du marché de Makhané Yehoudah à Jérusalem m’a dit : «Ce parti est comme un camp de réfugiés. Tous ceux qui ont été chassés de leur maison s’y retrouvent…». Vox populi… vox Dei ! Il faisait allusion à la direction collégiale de ce nouveau parti qui, en plus du général Mordehaï, est composée de l’ancien chef d’état major M. Amnon Lipkin-Shakhak (éducation socialiste), de l’ancien ministre des Finances de Benjamin Netanyahou, M. Dan Meridor (éducation révisionniste), et de l’ancien maire de Tel-Aviv, M. Roni Milo (éducation révisionniste).
Afin d’illustrer cette nouvelle donne de la politique israélienne, nous avons rencontré deux politiciens aux aspirations importantes, l’un brigue le poste de Premier ministre, il s’agit du Dr BENJAMIN ZEEV BEGIN, l’autre, M. AVIGDOR LIEBERMAN, souhaite simplement être élu député à la Knesset à la tête d’une nouvelle organisation représentant les Juifs russes.

La candidature du Dr Benjamin Z. BEGIN
La politique menée par le Premier ministre Benjamin Netanyahou n’est pas appréciée par tous, loin de là. C’est ainsi que le Dr Benjamin Z. Begin a quitté les rangs du Likoud et s’est porté candidat au poste de Premier ministre à la tête d’un nouveau parti, le Hérouth. Pour lui, le Likoud dirigé par Benjamin Netanyahou n’est guère différent de l’idéologie et des agissements du Parti travailliste, tous deux mènent une politique qu’il estime périlleuse pour Israël. Il pense en effet que le Likoud a abandonné ses principes de base qui résident dans un ensemble inextricable : le droit du peuple juif sur ses terres qui sont son patrimoine territorial - Eretz Israël - et la relation directe et intrinsèque qui lie intimement ce droit à celui pour chaque Juif d’y vivre en sécurité. Par conséquent, l’abandon de terres juives à Arafat constitue une erreur fatale et une forme de fuite en avant. En signant des accords stratégiques avec le Hamas, Arafat a démontré qu’il n’a pas la moindre intention de vivre en paix avec Israël. Pour Benjamin Begin, la poursuite de cette politique mènera inévitablement à des heurts violents et à une augmentation du terrorisme arabe en Israël. De plus, il est convaincu qu’Oslo est un échec pour lequel Israël a payé le prix fort en sang et en terres juives. L’OLP a fait la preuve qu’elle n’a absolument pas changé et si jamais M. Begin venait au pouvoir, il stopperait cette expérience malheureuse que sont les Accords d’Oslo. «Pour ma part, je mettrai tout en œuvre afin que soit mis un terme à ce processus irresponsable qui réside dans l’abandon de territoires qui, dans le meilleur des cas, deviendront des refuges d’impunité pour des terroristes.» M. Begin est convaincu que sa candidature est non seulement nécessaire, mais la seule qui soit juste pour représenter les aspirations du camp national et ses divers programmes. Elle constitue également une approche réaliste permettant de régler les problèmes politiques et internes qui se posent aujourd’hui à Israël et qui garantiront sa sécurité pour les années à venir. De par sa candidature, M. Begin n’estime pas affaiblir la droite. Bien au contraire, il pense offrir une alternative aux «déçus du Likoud» qui, sans sa démarche, se seraient retrouvés sans «abri» ni direction politique et n’auraient pas su pour qui voter.

Israël Beïtenou

M. Avigdor Lieberman, quant à lui, s’adresse avant tout aux laissés pour compte de la vie politique en Israël. Il pense qu’un grand nombre d’individus, notamment les associations de nouveaux immigrants, ne sont pas admis dans ce qu’il appelle «l’oligarchie du pouvoir». Il veut donc gagner les voix de tous ceux qui ont quelque chose à dire et qui souhaitent voir une évolution positive dans de nombreux domaines de la vie quotidienne israélienne. Sur le plan de la politique étrangère et du processus de paix, M. Lieberman nous a notamment déclaré : «La situation est devenue intenable. Les palestiniens mènent contre nous une guérilla quotidienne, que ce soit au Liban ou dans les territoires où je réside. La société israélienne est habituée à un niveau de vie élevé et n’est plus prête à subir cette tension permanente. Les Arabes devront bientôt faire un choix, conclure la paix avec nous, à nos conditions, ou nous confronter dans une guerre. Ma plus grande préoccupation ne réside pas dans nos relations avec les palestiniens, mais dans le fait que nous devons trouver le moyen de faire la paix entre nous. Seule une unité nationale nous permettra de faire face aux problèmes externes et internes.» M. Lieberman connaît bien les rouages internes de la politique israélienne puisqu’il a été le secrétaire général du Bureau du Premier ministre et a collaboré main dans la main avec Benjamin Netanyahou.

Beaucoup d’idées, de critiques et de programmes se font régulièrement jour. De nouvelles alliances politiques se forment, d’autres, anciennes et réputées indestructibles, se défont. Comme nous le voyons, les prochaines élections à la Knesset ne manqueront pas de piquant !