Éditorial
Par Roland S. Süssmann - Rédacteur en chef
L'époque est morose et monotone. Le quotidien est fait de rencontres humiliantes entre Rabin, Peres et le terroriste Arafat, d'annonces d'accords non viables, d'assassinats de Juifs dans les rues d'Israël et de manifestations pacifiques des Juifs de Judée-Samarie réprimandées avec brutalité par la police et l'armée. Il est donc urgent "d'amuser la galerie", les médias et un Congrès récalcitrant à l'idée de verser les millions du contribuable américain à l'OLP. Comme dans la Rome antique, il faut organiser de nouveaux "Jeux du Cirque": une cérémonie de signature à la Maison Blanche en présence d'un Rabin peu convaincu, d'un Peres "qui y croit encore" et d'un Arafat qui voit les dollars tomber dans son escarcelle. Ce spectacle doit constituer la panacée universelle contre les maux générés par le processus dit "de paix" et faire oublier les souffrances engendrées par les pernicieux Accords d'Oslo qui, aujourd'hui, ne reflètent aucune réalité sur le terrain et ne sont plus porteurs d'illusions.

Pendant qu'une nouvelle mascarade dérisoire s'organise à Washington et alors qu'un nouveau pacte sanglant et périlleux entérinant les accords Peres-Arafat de Taba - soit la création de l'état palestinien - est sur le point d'être signé, des têtes, des mains et des bras juifs continuent d'être déchiquetés dans les rues de Tel-Aviv et de Jérusalem. Après chaque attentat perpétré par les Arabes, le Premier ministre s'empresse de répéter que "le processus de paix continue", avant de se lancer dans une série d'explications aussi simplistes qu'insultantes démontrant que, sur l'échiquier du Moyen-Orient, il faut faire la différence entre deux catégories: les gentils et les méchants. Les gentils: le gouvernement Rabin, ses supporters, Arafat et... la branche politique du Hamas ! Face à eux, les méchants: le Likoud, les opposants à la politique de retraite du gouvernement, la branche militaire du Hamas et... les parias de la société israélienne, les empêcheurs de tourner en rond, les habitants juifs de Judée-Samarie et de la Bande de Gaza !

Aujourd'hui, trois facteurs essentiels dominent la conjoncture politique: les négociations avec l'organisation terroriste OLP, les tractations avec la Syrie et la scission au sein du peuple juif.

Rabin et Peres ont fait d'Arafat un partenaire acceptable, offrant ainsi impunité et récompenses à ceux qui tuent des Juifs. Cette compromission n'a changé aucune des données fondamentales. Arafat n'a pratiquement tenu aucun de ses engagements et ses buts déclarés restent identiques à ceux de 1964, lors de la création de l'OLP. Même promu au rang de maire de Gaza et de Jéricho et jouissant de la confiance totale du gouvernement Rabin, Arafat est et reste le petit chef terroriste qu'il a toujours été. Pour lui, les Accords d'Oslo ne constituent qu'une tactique sur le chemin de la victoire finale, et non un engagement destiné à être tenu. Pour s'en convaincre, il suffit d'écouter ses derniers discours qui ne cachent pas son but: "la libération totale de la Palestine". Toutefois, l'OLP s'est à nouveau discréditée auprès des populations arabes d'Israël. Un mouvement de fond palestinien islamique et radical, composé de vétérans de l'Intifadah et d'activistes du Hamas, s'est progressivement formé. Il ne porte pas de nom, n'a aucune structure établie, mais est très actif et populaire. Ce groupe refuse catégoriquement l'État juif et coopère activement avec la branche terroriste de l'OLP, le Fatah d'Arafat, avec laquelle il organise et sème la terreur en Israël. Il véhicule une forme d'euphorie patriotique et religieuse qui incite les kamikazes à entreprendre des opérations suicides. On frémit à l'idée de ce qui se passera lorsque l'armée israélienne, privée de son droit de prévention et de poursuite, se sera retirée des villes et des villages arabes de Judée et de Samarie...

Pendant ce temps, Rabin continue d'accélérer le processus destructeur pour lequel il n'a pas été élu. Il devrait avoir la dignité d'annoncer le prix en sang que devra payer le peuple juif pour assumer l'application de ses erreurs. Depuis le 13 septembre 1993, la facture s'élève à 150 Juifs israéliens assassinés et à plusieurs centaines de blessés, dont certains sont estropiés à vie.

Mais les initiatives "de paix" du gouvernement Rabin ne se limitent pas à faire des servilités à Arafat. Bien que Rabin ait d'ores et déjà promis le Golan à Assad, celui-ci refuse tout contact officiel avec l'État juif. En fait, il mène une guerre active contre Israël là où il peut: au Liban, par Hezbollah interposé. L'OLP n'est d'ailleurs pas absente de cette guerre, elle participe aux attentats contre les Israéliens qui protègent les Chrétiens du sud-Liban. De son côté, l'Égypte, "l'intermédiaire modéré", joue ouvertement la carte d'Assad. Seize ans après la signature des Accords de Camp David, il est toujours interdit, sous peine d'emprisonnement, de circuler en Égypte avec des plaques d'immatriculation israéliennes et d'utiliser des téléphones cellulaires israéliens.

Outre la crainte du terrorisme, un autre spectre bien plus inquiétant et dangereux hante la société israélienne et le peuple juif: la division entre les promoteurs du processus de paix et de la déjudaïsation de l'État et ceux qui s'y opposent. En Israël, cette hostilité est avant tout dirigée contre les 150'000 habitants juifs de Judée-Samarie et de Gaza. Il faut bien comprendre la politique du gouvernement Rabin à leur égard. Celui-ci claironne à tout vent: "Dans le cadre des nouveaux accords dits Oslo II, aucune implantation juive ne sera démantelée." C'est vrai. Mais derrière cette rhétorique vide se cache un plan maléfique. En effet, lorsque Tsahal se sera retirée des agglomérations arabes de Judée-Samarie et que l'armée de l'OLP occupera les lieux, les Juifs peuplant ces régions seront livrés aux exactions des Arabes.

Pouvons-nous, Juifs de la diaspora, devenir les complices silencieux d'une telle abomination en assistant à l'abandon de Juifs par d'autres Juifs ? S'agit-il d'un scénario impossible, exagéré ou inspiré par une obsession de la Shoa ? Certes non ! Il suffit de voir avec quelle perfidie, quelle brutalité, pour ne pas dire quel plaisir, certains sbires de Rabin ont battu leurs coreligionnaires de tous âges lors des dernières manifestations antigouvernementales. De plus, sur ordre direct de Rabin, les services spéciaux de l'armée coopèrent avec la "police palestinienne"... pour combattre le terrorisme !

Aujourd'hui, l'unique bonne nouvelle vient justement de Judée-Samarie. Malgré les agissements du gouvernement Rabin afin de briser les Juifs de ces régions, la combativité et le moral de ces héros contemporains ne sont pas ébranlés, ils ne montrent aucun signe de désespoir et leur nombre a augmenté de manière substantielle.

C'est sur cette note positive que toute l'équipe de SHALOM vous souhaite une excellente année.

Roland S. Süssmann
Rédacteur en Chef