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Sommaire Interview Automne 2009 - Tishri 5770

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Dans l'oeil du cyclone

Brigadier-Général Noam Tivon. Photo Bethsabée Süssmann.

Par Roland S. Süssmann
La situation sécuritaire en Judée et en Samarie a un impact direct sur la sécurité des citoyens israéliens dans tout le pays. Depuis trois ans, le Hamas est au pouvoir à Gaza et renforce quotidiennement sa présence et son influence en Cisjordanie. De plus, un flot massif et ininterrompu d'armes afflue dans ces territoires, où une activité terroriste permanente mais contenue, aussi bien en Cisjordanie qu'à Gaza, met quotidiennement la population civile d'Israël en danger. Heureusement, l'armée fait un travail de prévention remarquable. Afin de nous expliquer les différents aspects de la situation sur place, nous nous sommes rendus à Béthel au siège du commandement central de Tsahal pour la Judée et la Samarie, où nous avons été reçus par le Brigadier Général NOAM TIVON, commandant des forces israéliennes de ces régions.
Le Brigadier Général Tivon est né en 1963 dans le kibboutz Tzora. Ancien commandant des unités parachutistes puis de la région d'Hébron, il a une licence en Histoire de l'Université de Haïfa ainsi qu'un diplôme d'Administration publique de l'Université de Harvard.

Vos hommes et vous-même êtes quotidiennement sur le terrain en contact avec la réalité sécuritaire de la Judée et de la Samarie. Comment l'évaluez-vous ?

La situation dans les régions dont j'ai la responsabilité est extrêmement précaire et demande non seulement une attention de tous les instants, mais aussi un savoir-faire qui garantit la sécurité tout en évitant de mettre le feu aux poudres. Notre principale action réside dans la lutte contre le terrorisme. Je pense que les résultats obtenus à ce jour aussi bien par l'armée que les services de renseignements sont exemplaires. D'ailleurs, des professionnels du monde entier viennent ici pour étudier nos méthodes et notre savoir-faire. En 2002, lorsque la terreur était à son apogée, plus de 400 Israéliens ont été assassinés suite à des attentats dont les auteurs arabes étaient originaires de Judée et de Samarie. Ce fut l'année où l'État d'Israël a été le plus durement frappé, tant en ce qui concerne le nombre de victimes que la situation sécuritaire en soi. Les gens ne sortaient plus, les bus et les cafés étaient vides et le tourisme était pratiquement tombé à zéro. Les conséquences économiques de cet état de choses étaient dévastatrices. Six ans après ce drame, la situation a radicalement changé. En 2007, quatre personnes ont trouvé la mort dans des attentats en Judée-Samarie et en 2008, il y en a eu cinq et la majeure partie des attentats ont eu lieu à Jérusalem même. Il y a effectivement eu un attentat à Dimona perpétré par des terroristes qui venaient de Cisjordanie. Dans la plupart des cas, ils ont d'ailleurs été commis par des Arabes israéliens. Ceci signifie qu'aussi bien en Judée-Samarie que dans le reste du pays, les citoyens bénéficient d'une sécurité solidement établie. Cette réalité n'est pas seulement due au travail de l'armée, mais aussi à celui des services de renseignements, de la police militaire des frontières (bérets verts), de la police et des services de la protection civile avec lesquels nous coopérons pleinement. Notre succès est avant tout dû à la liberté d'action totale dont dispose l'armée partout en Judée-Samarie. A cet égard, je tiens à souligner que dans le cadre de nos actions, nous faisons très attention de nous attaquer uniquement aux personnes ayant une activité terroriste et de ne pas toucher les civils ni les familles. C'est ainsi qu'en 2007, nous avons tué 70 terroristes, en 2008 une cinquantaine et en 2009, une quinzaine jusqu'à présent. Nous travaillons ici avec les meilleures unités de l'armée, comme l'élite des parachutistes, ainsi que les forces spéciales d'intervention contre la terreur.
Le second élément qui nous aide énormément est la barrière de sécurité (voir Shalom Vol. 49) et ce malgré les manifestations qui ont lieu toutes les semaines contre sa présence. Du fait que la situation sécuritaire est moins précaire qu'il y a quelques années, nous pouvons aussi nous permettre de faciliter la vie quotidienne des habitants arabes de la région. Nous venons de lever un certain nombre de barrages, en particulier autour de Naplouse (Shekhem), localité tellement infestée de terroristes que nous avons été forcés de bloquer l'endroit. Nous avons réussi à mettre un terme à leur activité et ainsi pu rouvrir la ville. Ceci a permis à la population de redonner vie à l'activité économique locale. Comme vous le voyez, la réduction de la terreur va de pair avec le bien-être quotidien de la population arabe.
Le troisième aspect de notre réussite réside dans la capacité et le savoir-faire de nos hommes. Tous les soldats qui servent en Judée-Samarie suivent une formation particulière, nous leur enseignons comment réagir dans les différentes situations face auxquelles ils peuvent se trouver en servant dans ces régions. Nous leur apprenons comment se conduire face à des manifestants, face à la population arabe palestinienne, dans quelles circonstances arrêter quelqu'un ou le laisser partir, comment maintenir la dignité humaine d'un prisonnier, quand ouvrir ou fermer un barrage, etc. D'ailleurs, il n'est pas rare qu'un soldat qui se retrouve pratiquement seul soit amené à prendre ce genre de décision qui ne peut pas être prise à la légère. Normalement, un soldat qui entre dans l'armée est formé pour savoir combattre en cas de guerre contre l'un des pays arabes voisins. Il faut bien comprendre que le calme relatif dont nous bénéficions aujourd'hui ne s'est pas fait en un jour. C'est le résultat d'un travail effectué jour après jour par tous les commandants qui m'ont précédé et par des centaines et des centaines de soldats, aussi bien ceux qui font leur service normal que ceux qui viennent aux cours de répétitions (milouim), qui n'ont pas ménagé leurs efforts afin de permettre aux citoyens israéliens de dormir tranquilles. En fait, nous sommes arrivés à un point où l'on peut estimer que le terrorisme ne dérange pour ainsi dire plus le déroulement normal de la vie quotidienne des citoyens israéliens. En bref, ce qui nous intéresse, c'est de savoir que lorsqu'un Israélien, qu'il vive en Judée-Samarie ou ailleurs dans le pays, monte le matin dans sa voiture, il n'a plus besoin de penser aux attentats ni de se préoccuper de savoir s'il rentrera sain et sauf chez lui en fin de journée, mais qu'il râle sur les bouchons de la circulation et qu'il pense à son travail. Bref, qu'il vive une vie normale. Lorsque j'entends que tel est le cas, je sais que j'ai accompli mon travail correctement.

Comment sont vos rapports avec les habitants juifs de Judée-Samarie ?

Contrairement à un certain nombre d'articles négatifs parus dans la presse israélienne, les relations entre l'armée et les citoyens israéliens qui vivent dans les régions dont j'ai la responsabilité sécuritaire sont excellentes. Nous travaillons ici sous les ordres stricts d'une politique bien définie qui stipule qu'il est interdit de créer de nouveaux avant-postes. Nous appliquons la loi à la lettre et lorsque de tels endroits sont établis, nous évacuons les habitants et démolissons leurs infrastructures. Ce travail n'est pas effectué par les soldats, mais par la police et la police des frontières. Ceci ne signifie pas que nous menons une lutte quotidienne contre la direction du peuplement de Judée-Samarie, loin de là. En fait, comme je vous l'ai dit, nous entretenons d'excellentes relations avec ces milieux et le fait est que nous coopérons dans de nombreux domaines. Toutefois, je dois dire qu'il y a dans cette société une frange, certes marginale mais très extrême, qui nous donne pas mal de fil à retordre. Il s'agit de personnes qui n'acceptent pas l'autorité de l'État et de la loi et qui défient l'armée continuellement. Il en résulte des incidents violents que nous préférerions éviter. Il faut savoir que ces confrontations sont toujours très pénibles pour tout le monde, tant sur le plan physique que psychologique et moral, à commencer pour nos soldats. Parallèlement, nous sommes confrontés semaine après semaine aux anarchistes de la gauche qui jettent des pierres sur les soldats et qui nous provoquent en permanence. Le rôle de l'armée n'est pas d'exprimer des positions politiques et notre action est d'appliquer la loi et les décisions du gouvernement israélien en place. Cela dit, la situation sur le terrain est nettement moins agitée que ce qui paraît dans la presse, mais là où il y a une action extrémiste qui contrevient aux lois du pays, ou si des gens s'attaquent aux forces de l'ordre, nous faisons le nécessaire afin que la loi et l'ordre soient sauvegardés avec le moins de dommages possibles de part et d'autre. Mais ce genre d'événements est toujours très passionné et pénible pour tous les protagonistes et je crois pouvoir dire que nos soldats et leurs commandants font dans l'ensemble preuve de beaucoup de calme et de sang froid, ce qui n'est pas toujours facile ou évident. Nous leur donnons les moyens de faire face tant sur le plan physique que psychologique, mais il faut savoir que du fait que nos hommes sont confrontés à d'autres Israéliens, ces incidents leur pèsent énormément. Il est vrai que nous avons à faire tant à gauche qu'à droite à une minorité, mais à une minorité dont il ne faut pas sous-estimer l'importance ni le danger. L'on ne peut pas assimiler toute la population qui vit en Judée-Samarie à ces extrémistes de droite, tout comme il serait faux d'inclure toute la gauche israélienne dans le mouvement des anarchistes de gauche.

La présence juive en Judée-Samarie ne fait pas absolument l'unanimité au sein de la société israélienne. Est-ce que les soldats qui servent ici le font vraiment de plein c?ur ?

L'un des éléments essentiels de notre réussite réside justement dans la motivation très élevée de nos hommes. Ils comprennent que leur service ici se résume en fait à protéger leurs maisons et leurs familles. Nous avons des soldats en provenance de tout le pays et de toutes les tendances. Nous sommes la plus grande unité puisque nous comptons six bataillons, dont les plus importants sont: «Menaché» à Jenin, «Ephraïm» à Toulkarem, «Shomron» à Shekhem, «Benjamin» à Ramallah, etc. Il faut bien comprendre que les hommes changent régulièrement et que ceux qui font les cours de répétition au sein de leurs bataillons les remplacent dans le cadre d'un tournus régulier. Ce qui est important, c'est la polyvalence de tous les soldats. En effet, tous nos hommes ont été à même de se battre à Gaza pour la victoire et de faire face aux exigences de notre stationnement en Judée-Samarie. Dans cet esprit, toutes les armes poursuivent leur entraînement normal pendant qu'elles sont stationnées ici. Les hommes sont prêts à intervenir sur le front, motivés et en permanence au plus haut de leur forme.

De par votre intervention régulière, les terroristes sont certainement contraints de changer régulièrement d'endroits. Quels sont actuellement les lieux où le terrorisme est le plus présent ?

Au cours des deux dernières années, Jenin, où était logé le Djihad islamique, et Shekhem, où se trouvaient des éléments du Hamas et des Tanzim, étaient les endroits les plus difficiles pour nous. En raison de nos différentes interventions, leurs infrastructures ont été détruites. Aujourd'hui, le point chaud est Hébron, qui est une ville très religieuse où le Hamas est assez solidement installé. Nous faisons un véritable travail de fourmis, jour après jour, heure après heure et nuit après nuit. Nous entrons dans les villes et villages, arrêtons les suspects, les interrogeons, évaluons les informations puis détruisons les infrastructures terroristes. Ce travail se fait en toute discrétion, sans caméras et sans qu'après chacune de nos interventions il y ait un article dans la presse. Il nous faut beaucoup de patience et par moment, le travail peut être fastidieux, lent et exténuant, mais nous ne nous fatiguons pas et n'abandonnons jamais. Nous devons aussi nous adapter aux nouvelles situations sur le terrain, à l'évolution de la société arabe palestinienne et aux exigences politiques.

Le visiteur qui ne s'est pas rendu en Judée-Samarie depuis environ un an et demi est frappé par la multiplication du nombre de mosquées dans les villages arabes. Cela signifie-t-il que le Hamas s'est renforcé dans la région ?

Je ne pense pas que ceci soit le cas. En effet, depuis la prise du pouvoir du Hamas à Gaza, nous assistons à un phénomène intéressant qui se développe au sein de l'Autorité palestinienne. Ses dirigeants ont compris qu'ils devaient se méfier du Hamas. De ce fait, ils ont commencé à combattre le Hamas de manière extrêmement sérieuse, alors que ces dernières années, ils laissaient simplement faire. Nous venons de vivre un exemple frappant à Kalkilia, où les agents de l'AP ont réussi à attraper des terroristes du Hamas qui se cachaient et que nous recherchions aussi. Ils les ont eus un peu avant nous. Le fossé entre l'AP et le Hamas ne fait donc que s'élargir. Je ne peux pas dire pour autant que les forces de l'AP coopèrent avec nous. Ils organisent et effectuent leurs activités militaires en fonction de leurs intérêts directs. D'un point de vue professionnel, il faut reconnaître qu'ils sont nettement plus efficaces que par le passé. Nous avons des contacts réguliers et pour l'instant, ils n'agissent pas contre nous. Ils se contentent de combattre le Hamas et de faire régner la loi et l'ordre dans les zones dont ils ont le contrôle. Mais il faut savoir que la sécurité en Judée-Samarie est entre les mains et sous la responsabilité exclusive de Tsahal. Nous ne déléguons aucune action et aucune responsabilité à une tierce partie. Nous ne comptons que sur nous-mêmes et intervenons, comme je vous l'ai dit, partout où et quand cela nous semble nécessaire.
En ce qui concerne la multiplication des mosquées, nous assistons dans l'ensemble du monde musulman à un regain de religiosité et les Arabes palestiniens suivent le mouvement.
A cet égard, il est intéressant de savoir que l'une des raisons pour lesquelles nous mettons tout en ?uvre afin de faciliter, dans la mesure du possible, la vie des habitants arabes de la région, c'est justement pour éviter que le Hamas ne puisse gagner des adeptes par des moyens économiques (aide aux famille). Si les gens peuvent poursuivre une activité professionnelle et entretenir leurs femmes et leurs enfants ainsi que leurs parents âgés, ils n'ont pas besoin de l'aide financière du Hamas. Il faut savoir que le but du Hamas est de créer en Judée-Samarie un «État dans l'État». Disposant de fonds énormes, il offre aux Arabes palestiniens toute l'aide que l'Autorité palestinienne ne leur fournit pas: soins, écoles, bienfaisance de tous genres. C'est ainsi que le Hamas obtient la loyauté des gens, qu'il contrôle par la même occasion. Cette démarche a très bien fonctionné au sud-Liban avec le Hezbollah et à Gaza. Aujourd'hui, les dirigeants du Hamas tentent d'agir de même en Judée-Samarie.



Quels sont vos plus grands défis du moment ?

Le premier est d'éviter que le terrorisme ne reprenne pied dans la région. La Judée-Samarie est aujourd'hui un endroit où l'enjeu politique a pris une importance de tout premier plan et ce aussi bien sur la scène nationale que mondiale. Nous sommes l'armée et non un parti politique. Par conséquent, notre devoir est d'assurer la sécurité tout en appliquant les décisions politiques prises par l'État d'Israël, à savoir le gouvernement en place. Bref, il s'agit de maintenir la loi et l'ordre. Toutefois, comme ce territoire est tellement politisé, chaque côté tente de gagner les faveurs de l'armée et notre devoir est de rester en dehors de toutes les influences. Nous recevons nos ordres du commandement central du pays, qui lui les reçoit du Chef d'état-major, qui lui-même applique les directives du gouvernement. Ceci n'est pas du tout facile, car outre le fait que chacune de nos actions est scrutée au microscope par le monde entier, l'action militaire en Judée-Samarie comporte, pour nos hommes, un aspect psychologique et sentimental très fort, ce qui n'est pas toujours le cas dans d'autres régions du pays. Dans ces conditions, il n'est pas évident de garder la tête froide et de ne pas perdre de vue notre objectif: la guerre contre le terrorisme, la protection de la vie des citoyens qui vivent ici ou qui sont de passage en Judée-Samarie en provenance d'une autre partie du pays. C'est à cela que mes hommes travaillent ardemment jour et nuit.

Comment voyez-vous l'avenir ?

Tout d'abord, je dois dire que nous ne sommes absolument pas sur le point de préparer un nouveau retrait qui impliquerait une expulsion massive de Juifs, comme cela a été le cas à Goush Katif. Cela étant dit, je pense que nous sommes au seuil d'une période critique pour la Judée-Samarie, tant en ce qui concerne nos relations avec les Arabes palestiniens qu'avec les habitants juifs. Au niveau du simple soldat, ceci ne se fait pas ressentir puisque sont unique mission est d'assurer la défense. A mon niveau et plus haut, les choses sont plus compliquées, car notre devoir est également de donner des conseils qui mèneront en définitive à des décisions très importantes sur le plan politique et qui auront une influence directe sur l'avenir de cette région. Du fait que nous vivons ici, que nous connaissons parfaitement le terrain, nous sommes appelés à donner une image très précise de la réalité sur place, qui en fait est en mouvance permanente. C'est à nous de comprendre et d'analyser de manière rétrospective et surtout prospective le pourquoi et le comment des changements qui s'opèrent, souvent très rapidement et de façon fondamentale. Ceci concerne aussi bien le développement du peuplement juif que les relations du gouvernement d'Israël avec l'AP. Par moment, cet aspect de notre mission prend une importance capitale, comme c'est le cas actuellement.

Sur un plan plus technique, y a-t-il eu un changement dans le genre d'armements qu'utilisent les terroristes arabes ?

En Judée-Samarie, nous veillons à ce qu'ils ne disposent d'aucune forme de roquettes, commerciale ou artisanale, ou d'armes antitanks. Toute personne qui se procure ou tente d'utiliser ce genre d'armes ou de fabriquer des bombes artisanales dotées d'une forte charge explosive est immédiatement arrêtée ou tuée par nous. Nous luttons évidemment contre l'infiltration d'armes qui dépassent la puissance d'une mitrailleuse M.16. Je dis toujours que nous voulons maintenir le niveau des armes qui circulent ici, surtout chez les Arabes, au niveau du M.16 afin de ne pas être dans l'obligation de faire intervenir nos F-16. D'ailleurs, la police de l'AP n'a le droit d'être dotée que de Kalachnikovs ou de pistolets de 9mm. Nous confisquons toute arme de taille ou de puissance supérieure et luttons très activement pour combattre la contrebande d'armes et de matériel explosif. Je dois dire que pour l'instant, nos efforts sont couronnés de succès. Au cours des deux dernières années, nous avons mis un accent particulier sur la chasse aux produits explosifs qui en fait proviennent d'une source anodine. C'est ainsi que des fertilisants agricoles peuvent, en un tour de main, être transformés en explosifs puissants. Il en va de même pour l'acétone destinée à la manucure. Il faut bien comprendre que le terrorisme d'aujourd'hui n'est plus artisanal du tout, il est organisé, financé et fourni par l'Iran, la Syrie, le Hezbollah et le Hamas. Certes, l'Iran est la première source de financement, bien que l'Arabie saoudite et les pays du Golfe persique ne soient pas en reste. L'argent transite en très grandes quantités par tous les canaux possibles et imaginables (en liquide, par compensation, par les différentes techniques de blanchiment, etc.) et est distribué partout dans les centres de la terreur des Arabes palestiniens. Il en va de même pour le savoir-faire meurtrier, qui est de plus en plus sophistiqué.

Comment intervenez-vous contre ces agissements ?

En ce qui concerne le savoir-faire de la terreur, nous intervenons directement militairement en détruisant toutes les infrastructures que nous connaissons. Quant aux activités financières, grâce à une action très élaborée de nos services de renseignements, nous avons pu intervenir en premier lieu directement contre les infrastructures bureaucratiques de cette organisation en Judée-Samarie. Puis nous avons fermé les camps de vacances d'été, les écoles et les centres de bienfaisance du Hamas. Je pense que cette organisation dispose d'un certain pouvoir dans la région et notre lutte contre elle ne passe pas uniquement par des moyens militaires. Nous surveillons des experts-comptables, des avocats, des médecins et des responsables de la gestion de leurs fonds de bienfaisance. Ces gens n'ont pas d'armes, mais sont très dangereux et agissent dans le cadre de l'islamisme le plus extrême. Nous mettons tout en ?uvre pour affaiblir le Hamas et ce aussi bien dans les écoles, les universités, bref, partout là où ses membres ont un contact direct avec la population arabe palestinienne.
Nous sommes là confrontés à un défi de taille, car si jamais le Hamas prend le pouvoir en Judée-Samarie, Israël se retrouvera dans une situation nettement plus difficile à gérer qu'elle ne l'est aujourd'hui. Ma mission est donc d'empêcher que le Hamas ne prenne pied, que ce soit du point de vue politique, militaire ou civil. Dans le temps, nous ne combattions que la branche militaire du Hamas mais actuellement, nous luttons contre son action que l'on peut pratiquement considérer comme étatique. Car la prise du pouvoir du Hamas en Judée-Samarie signifie simplement la création d'une entité islamique extrême, ce qui serait évidemment très dangereux pour nous. Ce n'est pas pour autant que nous avons abandonné le combat sur le plan militaire. Fin mai, nous avons arrêté à Hébron l'un des chefs du Hamas qui avait organisé un grand nombre d'attentats à Jérusalem. Cela faisait dix ans que nous le recherchions dans la région. Grâce à nos interventions, le Hamas n'a pas gagné de terrain au cours de l'année dernière et nous continuons à le combattre jour après jour à tous les niveaux dont je vous ai parlé. Tant que Tsahal sera présente en Judée-Samarie, elle ne permettra pas que cette région soit transformée en un Hamastan comme cela s'est passé à Gaza.

Avez-vous découvert ou arrêté des instructeurs ou des agents iraniens ou du Hezbollah libanais actifs en Judée-Samarie ?

Pas pour l'instant, et toute personne qui tenterait de venir ici de Gaza serait immédiatement arrêtée et expulsée. Ici, la frontière est hermétique et les déplacements illégaux sont très difficiles à réaliser. De plus, dans la lutte contre le terrorisme, et en particulier contre le Hamas, nous jouissons d'une excellente coopération avec la Jordanie, qui craint cette organisation.

On entend parler tout le temps des constructions illégales d'avant-postes juifs. Existe-t-il des constructions illégales bâties par les Arabes palestiniens et si c'est le cas, intervenez-vous aussi contre elles ?

En effet, il y a un développement très important de la construction illégale arabe surtout aux alentours de Jérusalem. Nous intervenons lorsque ces maisons mettent en danger la sécurité, c'est-à-dire lorsqu'elles sont proches des routes ou dans tout endroit que nous estimons inapproprié.

Vous nous avez parlé des changements constants qui s'opèrent en Judée-Samarie. Y a-t-il eu récemment une évolution imprévue ?

Il y a plusieurs éléments. De nombreuses personnes, qui hier encore étaient des terroristes et dont le but était de commettre des attentats sanglants en Israël, ont pour l'instant cessé leur activité; si nous les trouvons, nous les arrêtons, surtout s'ils ont du sang juif sur les mains. Mais comme nous, la société arabe palestinienne est bien consciente du fait que cette région est observée par le monde entier. Ses dirigeants mettent tout en ?uvre pour faire bonne impression et c'est dans ce but, entre autres, qu'ils combattent le Hamas. Mais ici, nous devons être alertes en permanence, nous n'avons pas un instant de répit, nous devons reconnaître les changements à temps et savoir comment y réagir immédiatement. Afin d'illustrer mes propos, je vous citerai l'exemple de ce que nous appelons «les terroristes isolés». Ce sont des gens qui se lèvent un beau matin et qui, parce qu'ils ont suivi un cours d'endoctrinement religieux extrême, parce que la vie leur semble difficile ou encore parce que leur père les a battus, décident de tuer un Juif. Nous arrêtons environ une dizaine de personnes de ce type par mois. Lorsque nous ne les trouvons pas avant qu'ils commettent leur méfait, nous déplorons par exemple l'assassinat d'un enfant, comme cela s'est passé à Bat Ayin début juin 2009, ou un autre genre d'agression sanglante. Il est évident que les personnes qui ont suivi un endoctrinement religieux viennent pour tuer et mourir. Le problème est que nous ne disposons d'aucune information préalable au sujet de l'attentat qui se prépare. Nous n'avons donc qu'un seul moyen de les empêcher, renforcer la sécurité des agglomérations juives et des routes.

Pensez-vous que nous sommes à l'aube d'une troisième intifada ?

Je ne crois pas. D'ailleurs, pendant l'opération militaire à Gaza de janvier dernier, il n'y a pour ainsi dire pas eu de manifestations anti-israéliennes de la part des Arabes qui vivent en Judée-Samarie. Mais nous sommes prêts à faire face à toute éventualité et un tel scénario fait partie de nos préparatifs et de l'entraînement de nos hommes.
En conclusion, je dirai que notre mission ici peut se résumer à ce que nous devons toujours avoir les yeux et les oreilles partout et une longueur d'avance sur nos ennemis.

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