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Sommaire Profil Automne 2005 - Tishri 5766

Éditorial - Octobre 2005
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Roch Hachanah 5766
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Minutie et Souplesse

Par Roland S. Süssmann
Lorsqu'en mars dernier, M. Samuel Schmid, président de la Confédération helvétique, est arrivé à Jérusalem pour participer à l'inauguration de la nouvelle aile du musée de Yad Vachem, il a été salué à sa descente de voiture par l'ambassadeur YITZHAK ELDAN, Chef du protocole du Ministère des Affaires étrangères et de l'État d'Israël. Ce dernier a accueilli le Président suisse en lui confiant que, le matin même, il avait dégusté un excellent morceau de chocolat suisse. Devant cette information capitale, «notre Samuel national» a immédiatement extrait de sa valise une plaque de chocolat qu'il a offerte à M. Eldan.
C'est avec ce genre d'anecdote aussi authentique que plaisante que Yitzhak Eldan a étayé l'interview qu'il nous accordée sur ses fonctions et ses responsabilités. Licencié en Sciences politiques et en Histoire, Y. Eldan a été en poste à Houston, Paris, Montréal et Los Angeles avant d'être ambassadeur d'Israël au Danemark puis à l'Unesco et au Conseil de l'Europe. Chef du protocole du Ministère des Affaires étrangères de l'État d'Israël depuis décembre 2003, il est l'auteur du Code d'éthique du service diplomatique israélien.

Comment définissez-vous votre fonction ?

Il s'agit d'une activité aussi variée que compliquée, dont les lignes essentielles de conduite ont été arrêtées par une décision gouvernementale du 16 janvier 1983. Cette directive indique que l'activité du Chef du protocole est intimement liée à celle de la Commission interministérielle des cérémonies et des symboles, qui planifie le calendrier et le type de cérémonies d'État qui doivent se dérouler au cours de l'année et dans certains cas dans les quatre années à venir. En Israël, la majorité des cérémonies officielles sont en fait des commémorations de la Shoa, d'événements qui se sont déroulés avant la fondation de l'État, et de ce que nous appelons les commémorations modernes, qui rappellent des faits historiques liés à l'Armée ou aux victimes du terrorisme. Pour l'année 2005 par exemple, l'événement capital sera la commémoration des dix années de l'assassinat d'Itzhak Rabin, qui aura lieu le 14 novembre 2005. A cette occasion, un certain nombre de cérémonies d'État sont prévues, pour lesquelles les invitations ont été expédiées en juillet dernier à des chefs d'États, des Premiers ministres, etc. Comme chaque année, le même rituel se tiendra au cimentière du mont Herzl, suivi d'une session spéciale de la Knesset et d'un dîner officiel à l'occasion de l'inauguration du Centre Rabin de Tel-Aviv. Bien entendu, tous ces dignitaires seront reçus par le Premier ministre ou par le Président, et l'orchestration de toutes ces rencontres nous incombe.
Le Chef du protocole est responsable de l'organisation et de la coordination de toutes les cérémonies officielles impliquant la présence de dignitaires d'autres pays, tels que chefs d'États, Premiers ministres, ministres des Affaires étrangères et autres ministres. Ceci concerne aussi bien les visites officielles qui se déroulent en Israël que les voyages à l'étranger du Président de l'État, du Premier ministre et du Ministre des Affaires étrangères. De plus, notre bureau conseille les autres ministères en matière de protocole, bien que certains d'entre eux disposent de leurs propres services. Je dois également coordonner les relations avec les missions spéciales des organisations internationales qui se rendent dans le pays. Mais l'une de mes fonctions principales est d'être au service du corps diplomatique en poste en Israël, ce qui, avec les familles des délégués, représente un total de huit mille personnes. A ce sujet, il faut savoir que je suis aussi responsable de toutes les questions relatives au bon déroulement de la vie des diplomates en poste, de leurs privilèges spéciaux, de la question de l'immunité diplomatique, etc. Dès leur arrivée, je leur fais un court briefing sur la cérémonie de présentation des Lettres de créances au Président de l'État. Je reçois également les ambassadeurs qui terminent leur temps en poste en Israël, ce qui signifie en fait que leur dernier acte officiel est une rencontre avec le Chef du protocole. Afin d'illustrer mes propos, je vous citerai l'exemple de la cérémonie de la présentation des Lettres de créances d'un nouvel ambassadeur chez notre président. Tout est minuté, chaque mouvement est calculé. J'ai donc fait un album de photos que je montre aux ambassadeurs pour qu'ils sachent où se tenir en arrivant à la résidence présidentielle, pendant les hymnes nationaux, devant les drapeaux et finalement à quel endroit doivent se placer leurs épouses afin d'observer la cérémonie sous le meilleur angle.

Lorsque vous parlez du bon déroulement de la vie des diplomates, à quoi pensez-vous exactement ?

Il peut arriver qu'un voleur pénètre dans la résidence d'un diplomate et y dérobe quelque chose. Ce sont mes services qui doivent alors entreprendre les démarches auprès de la police et des assurances. En cas de décès d'un diplomate, là encore nous devons nous charger de toutes les démarches de rapatriement du corps, etc.

Vous occupez-vous aussi de l'intendance lors de visites officielles ou de travail de ministres étrangers, ou l'organisation revient-elle aux ambassades ?

Lorsqu'une visite est prévue, nous nous occupons de tout: arrivée à l'aéroport, tapis rouge, cérémonie de réception (qui varie selon le type de visite), fanions, motards, sécurité, dîners d'État et disposition des personnes aux tables officielles. Ce dernier point demande beaucoup de doigté et de diplomatie, vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point il faut ménager les susceptibilités, souvent très exacerbées. Le protocole est en fait un travail d'équilibriste, où la minutie des exigences du code de conduite rivalise avec le raffinement, la recherche du détail et la gestion des imprévus, dans le but de créer un événement harmonieux où personne ne doit se sentir offusqué.

Au cours des dîners officiels, existe-t-il un protocole concernant l'ordre de table ?

En Israël, l'ordre de préséance est le suivant: le premier personnage de l'État est le président, le second, le président de la Knesset, qui représente le peuple, suivi du Premier ministre, du président de la Cour suprême, des Grands Rabbins et ce n'est qu'après que viennent les différents ministres. Les grandes tables d'honneur sont donc organisées par mes services, les autres sont directement attribuées par les conseillers diplomatiques des administrations concernées, la Présidence, le Bureau du Premier ministre, etc. Toutes ces opérations se déroulent sur la base des conventions de Vienne qui régissent le code de conduite diplomatique et consulaire au niveau international. D'ailleurs, je rencontre chacun de nos ambassadeurs qui part en poste à l'étranger pour lui expliquer l'importance du protocole, le respect des dates nationales, comme chez nous par exemple Yom Kipour, Yom Haatsmaout, etc. Un autre aspect de mon activité réside dans le fait de participer dans les ambassades aux réceptions des journées nationales et de trouver un ministre qui s'y rendra pour représenter l'État et faire un discours. De plus, nous organisons des visites précises à l'intention des diplomates, par exemple à Goush Katif, le long de la barrière de séparation et sur les hauteurs du Golan.

Justement, en ce qui concerne les représentants d'Israël à l'étranger, il peut arriver qu'ils se trouvent dans une situation conflictuelle entre l'exigence du protocole et la religion. Admettons qu'une cérémonie nationale ait lieu dans une église le jour de Yom Kipour, quelles directives doit suivre votre ambassadeur ?

Avant de vous répondre précisément, j'aimerais dire que j'ai instauré au Ministère des Affaires étrangères le respect de shabbat et des fêtes. Si un ministre étranger arrive le jour du shabbat, nous n'allons pas le chercher et aucune rencontre n'a lieu. S'il souhaite visiter les églises ou le bord de mer, nous ne lui mettons à disposition ni voiture ni services de sécurité. De plus, j'ai instauré que tout repas officiel tenu par un représentant du ministère ne puisse se dérouler que dans un restaurant cacher. Quant à votre question, il s'agit d'un point relatif au code éthique et, pour l'instant, ce genre de décision est laissé à la discrétion de chaque ambassadeur. Cela dit, si je me réfère à mon expérience d'ambassadeur au Danemark, je peux vous dire que lorsque j'expliquais à mes interlocuteurs les raisons pour lesquelles je ne pouvais pas me rendre à un événement le jour du shabbat ou des fêtes, je tombais toujours sur une oreille attentive et compréhensive. Mais les choses ne sont pas toujours aussi faciles. Lorsque je représentais Israël à l'Unesco et que les sessions les plus importantes tombaient pendant les fêtes, réunions au cours desquelles Israël était toujours gravement et injustement attaqué, je me trouvais dans l'obligation de représenter mon pays. Je vivais à chaque fois un dilemme. Aujourd'hui, à ce niveau, notre ministère ne peut rien imposer à nos diplomates qui, s'ils sont pratiquants, doivent trouver quelqu'un pour les remplacer, ce qui n'est pas toujours évident.

Je vois dans votre bibliothèque deux livres aux titres frappants, «Protocole» et «Étiquette». Existe-t-il une «étiquette israélienne» ?

Je ne pense pas qu'il existe véritablement une étiquette israélienne. Les codes de conduite sont les mêmes à travers le monde diplomatique et il est évident que personne ne mettra une cravate rouge avec un dessin de Mickey Mouse pour une cérémonie officielle ou pire, pour un enterrement. Cela dit, chaque pays a ses spécificités, les nôtres sont le respect de la kacheroute, des fêtes religieuses et israéliennes, etc. Toute activité officielle est automatiquement cachère et non seulement nous ne recevons pas de visiteurs le jour du shabbat, mais nous évitons qu'il y ait des arrivées le samedi soir, celles-ci impliquant que des préparatifs soient entrepris pendant shabbat, ce que nous ne voulons pas.

Lorsque vous avez accédé au poste de chef du protocole en décembre 2003, peu de dignitaires étrangers visitaient Israël. Depuis, les choses ont sérieusement changé et on a l'impression que Jérusalem est devenue le rendez-vous et le passage obligé des dirigeants du monde entier. Comment expliquez-vous cette évolution ?

La disparition d'Arafat a créé une nouvelle situation dans le domaine des visites officielles en Israël. Il faut se souvenir qu'au plus haut niveau, Israël refusait de recevoir les visiteurs qui rencontraient Arafat. Cette politique a eu des effets très positifs pour Israël, bien qu'au début elle n'ait pas été tellement appréciée. Puis il y a eu l'inauguration de la nouvelle aile de Yad Vachem, pour laquelle 41 délégations étrangères, dont des chefs d'État et des Premiers ministres, sont venues à Jérusalem. Vous imaginez bien quel surcroît de travail ces visites ont occasionné pour nos services. A cela s'ajoute le fait que le nombre des visites bilatérales au plus haut niveau a augmenté de manière très significative depuis l'annonce du plan de désengagement unilatéral de Gaza. Nous avons d'ailleurs accueilli des dignitaires qui, il y a peu de temps encore, étaient parmi les plus grands détracteurs de notre Premier ministre. Mais mon travail n'a pas que des aspects austères. Ainsi, lorsque nous avons préparé la visite du Ministre des Affaires étrangères de Chine, j'ai suggéré à l'ambassadeur chinois d'organiser un match de ping-pong entre les deux ministres, ce que la Chine a accepté. Malheureusement, notre ministre a été battu. Pour terminer ce chapitre, je peux vous dire qu'il est juste que le nombre des visites officielles a explosé et, bien que ceci constitue un supplément important de travail pour nos services, car il peut arriver que nous recevions quatre visites par jour, il s'agit en fait d'une très grande source de satisfaction.

Pour conclure, une question d'appréciation personnelle. Dans votre jeunesse, vous avez fait partie d'un jury dans un concours de beauté féminine. Vous êtes donc un expert en la matière. Sur une échelle de 0 à 10, quelle note donneriez-vous à Condoleca Rice ?

J'ai l'impression que vous tentez de mettre un diplomate dans une situation difficile ! Mais je vais répondre à votre question. Dans un monde où rien n'est parfait, j'aurais malgré tout tendance à lui donner 10. Mais ne voulant pas avoir de problèmes avec mon épouse, je me contenterai de lui donner 8 ou 9 !

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